Agriculteurs: la FNSEA n'exclut pas de nouvelles actions d'ici les fêtes

La FNSEA, premier syndicat agricole français, tente de maintenir la pression en annonçant jeudi la poursuite "possible" d'actions de protestation d'ici à la fin de l'année, son allié des Jeunes agriculteurs (JA)...

La FNSEA, premier syndicat agricole français, annonce la poursuite "possible" d'ici à la fin de l'année d'actions de protestation des agriculteurs © Sameer Al-Doumy
La FNSEA, premier syndicat agricole français, annonce la poursuite "possible" d'ici à la fin de l'année d'actions de protestation des agriculteurs © Sameer Al-Doumy

La FNSEA, premier syndicat agricole français, tente de maintenir la pression en annonçant jeudi la poursuite "possible" d'actions de protestation d'ici à la fin de l'année, son allié des Jeunes agriculteurs (JA) concédant toutefois une "fatigue" dans les rangs.

"A ce stade, on avait dit qu'on ne souhaitait pas prendre les fêtes de fin d'année en otage, parce que c'est le moment où les Français vont consommer nos produits dont on est fiers", a déclaré sur RTL le président de la FNSEA Arnaud Rousseau. "Mais force est de constater que là, on est dans l'expectative, on ne sait pas où on va et on ne peut pas attendre. Donc, il est tout à fait possible qu'on se remette en action rapidement", a-t-il averti.

"Avant la fin de l'année?", "Oui bien sûr", a-t-il répondu.

"Si on n'a pas de gouvernement, si le Premier ministre n'est pas nommé, si nous n'avons pas d'interlocuteur, on ne peut plus attendre un an", a-t-il expliqué, ne voyant pas "l'horizon se dégager".

Jeudi, les autorités ont recensé six actions menées dans cinq départements et estiment que "les syndicats ont de plus en plus de difficultés à mobiliser sur le terrain".

Pour les agriculteurs, la censure et la chute du gouvernement de Michel Barnier ont à nouveau suspendu, après le hiatus de la dissolution, la concrétisation de promesses obtenues lors des grandes manifestations de l'hiver dernier.

Pierrick Horel, président des Jeunes agriculteurs (JA), syndicat allié de la FNSEA, reconnaît une forme de "fatigue" dans la profession, "parce que ça fait un an qu'on est en mobilisation, que les agriculteurs ont vécu une année éprouvante sur les plans météorologiques et sanitaires", avec diverses maladies.

"Tout le monde a envie de profiter du moment des fêtes pour se ressourcer en famille", ajoute-t-il auprès de l'AFP.

Toutefois, "si un nouveau Premier ministre explique que l'agriculture n'est pas une priorité, on fera le père Noël sur les routes", met-il en garde.

Peur que ça dérape

Devant la vacance gouvernementale, la mobilisation s'est surtout traduite ces derniers jours par des actions FNSEA-JA ciblant des permanences de députés, murées ou visées par du fumier. En ligne de mire, des élus Nouveau Front populaire (NFP) et Rassemblement national (RN) ayant voté la censure.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a condamné "fermement" mercredi ces actions ayant concerné, selon elle, plus de 30 députés en une semaine.

"Je ne cautionne rien qui porte atteinte aux biens et aux personnes", a dit Arnaud Rousseau jeudi. "Je dis simplement qu'on ne peut pas pousser les gens à bout et s'étonner de réactions qui vont au-delà de ce qui serait raisonnable. Et je demande que soit entendue la colère agricole depuis un an (...) Bien sûr qu'on a peur que ça dérape et on n'a jamais eu aussi peur."

Jeudi, une cinquantaine d'agriculteurs avec 25 tracteurs ont bloqué la sortie d'Auch à l'appel de la Coordination rurale (CR), rivale de la FNSEA, érigeant avec des bottes de paille un "mur des cons", en référence aux élus.

Dans la Creuse, trois membres de la CR seront jugés en mai, a-t-on appris jeudi, à la suite de plaintes déposées par l'Office français de la biodiversité (OFB) pour dégradations et menaces lors d'une action menée dans ses locaux mi-novembre.

Alors que les syndicats, particulièrement FNSEA et CR, rivalisent pour se faire entendre avant les élections professionnelles de janvier, les motifs de colère du secteur s'accumulent: nouvelles maladies animales, mauvaises récoltes, annonce d'un accord de libre-échange Mercosur-UE (qui doit encore être ratifié) s'ajoutent à la traditionnelle revendication d'un revenu à la hauteur du temps passé dans les fermes.

En 2024, des récoltes en berne notamment dans le vin et les céréales devraient conduire à une baisse de la production agricole française de 7,5% en valeur sur un an, après une année 2023 déjà en repli, a annoncé l'Insee jeudi.

Avec le gouvernement Barnier, les agriculteurs avaient notamment obtenu la promesse de prêts à taux réduits pour soulager les trésoreries, d'allègements sur la fiscalité des exploitants et sur l'emploi de saisonniers.

L'OFB, police de l'environnement, s'est aussi vu imposer un "port d'arme discret", à la satisfaction de la FNSEA et de la CR.

cho-myl-jmi/mdz/LyS

36Q63QA