Agri-bashing : le Crédit agricole veut une communication positive
Jeudi 12 décembre, 250 personnes issues du monde agricole étaient réunies au Théâtre Charles Dullin à Grand-Quevilly. L’occasion d’échanger sur les évolutions de l’agriculture en lien avec les nouvelles attentes sociétales.
« En cherchant le thème à cet après-midi, il nous est apparu comme une évidence que, cette fois, il fallait traiter de ce sujet… » Pascal Lheureux, président du Crédit Agricole Normandie Seine, peine à appeler un chat, un chat. Pas d’« agri-bashing », pas « d’acharnement » dans ses mots. Pourtant, c’est bien le sujet qui était au cœur de l’après-midi organisé par la banque haut-normande ce jeudi 12 décembre au théâtre Charles Dullin de Grand-Quevilly. Un après-midi organisé chaque année, à destination du publique agricole, et qui a réuni cette année environ 250 personnes, toutes issues du milieu agricole.
Ne pas opposer les agricultures
L’objectif, paradoxalement, n’était pas d’apporter des réponses factuelles aux « agresseurs » de l’agriculture, mais bien de rassurer les agriculteurs eux-mêmes. A travers des témoignages autour de nouvelles pratiques d’élevage, de culture ou de commerce, le Crédit Agricole a souhaité démontrer de la pluralité des agricultures, et de l’adéquation de ces nouvelles pratiques avec les attentes grandissantes de la part des consommateurs.
« Ce qui ressort de cette journée, c’est beaucoup de sérénité dans les interventions des uns et des autres » se félicite Pascal Lheureux, qui constate que les agriculteurs sont capables de s’écouter et de ne pas opposer leurs modes de production. Une vérité discutable, quand on connaît la violence des propos (et même des actes) qui peuvent être échangés entre syndicats agricoles, ou entre voisins, une fois sortis de l’atmosphère confortable des salles de conférence.
Mettre en avant les initiatives positives
Quoi qu’il en soit, cette envie de positiver les pratiques agricoles, le Crédit agricole Normandie Seine souhaite désormais la prolonger auprès de l’ensemble de ses clients. Le sujet devrait ainsi être au programme des assemblées générales de caisses locales au premier semestre 2020. « Nous voulons montrer la différence entre le temps court (de l’effet médiatique, ndlr) et le temps long de la production agricole, souligne Nicolas Denis, directeur général de la banque régionale. Et aussi que cette pression psychologique provoque plutôt l’effet inverse à celui recherché. »
La banque verte veut ainsi jouer un rôle social, en rapprochant les univers de plus en plus éloignés de la production et de la consommation. Elle s’appuie pour cela sur sa très forte implantation dans le milieu agricole, puisqu’elle est la banque de 80 % des agriculteurs de son territoire (Seine-Maritime et Eure) et sur son réseau de 500 000 clients particuliers. « Nous sommes factuels, assure Pascal Lheureux. Nous accompagnons des agriculteurs qui font des expériences positives, qui vont dans le sens des attentes de la société. Nous devons les mettre en avant. »
Agri-bashing
Né dans la communication de la FNSEA, l’agri-bashing dénonce un acharnement médiatique et sociétal à l’encontre des agriculteurs. Les mouvements végan (en lien avec le bien-être animal) et écologistes (en lien avec l’utilisation des pesticides) sont sensés en être à l’origine, relayés par des médias jugés par trop complaisants. Les opposants à cet agri-bashing dénoncent un climat anxiogène et délétère, qui accentue le mal-être des agriculteurs, population déjà largement marquée par un taux de suicide très élevé.