Visite de la ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans le Pas-de-Calais
Agnès Pannier-Runacher veut rassurer les producteurs de légumes
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, s’est rendue dans le Pas-de-Calais pour échanger avec les producteurs de légumes à propos des produits phytosanitaires. Elle s’est voulue rassurante.
Depuis 15 ans, la France veut drastiquement réduire sa consommation de pesticides. D’ici 2030, il est question d’une baisse des phytosanitaires de 50%. «Il en va de la santé humaine et de celle de notre environnement», atteste Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Betteraves, endives, choux… L’arrêt des pesticides provoque l’inquiétude des producteurs de légumes et menace les filières régionales. «Cette année, trois molécules qui facilitent le désherbage et repoussent les pucerons vont disparaître. Cela va supprimer des productions d’endives et menacer des emplois», explique Philippe Bréhon, président de l'association des producteurs d'endives de France.
Une dérogation pour les betteraviers
Face à ce contexte tendu, la ministre s’est rendue au Pôle légumes-Région Nord de Lorgies, pour écouter les préoccupations des agriculteurs. «Le gouvernement a lancé, en mars dernier, un cycle de réunions pour accélérer le déploiement d’alternatives aux produits phytosanitaires interdits», explique Agnès Pannier-Runacher. Mais il faudra patienter pour trouver des alternatives, qui demandent du temps de recherche. «Nous y avons investi 250 millions d’euros».
En attendant, elle a annoncé une dérogation pour les betteraviers. Une mesure exceptionnelle en vue de la menace élevée de jaunisse pour 2024. Ainsi, les producteurs pourront utiliser le phytosanitaire Movento. Toutefois - ceux qui peuvent effectuer jusqu’à cinq passages pour protéger leurs cultures des pucerons -, auront la stricte interdiction d’utiliser des produits phytosanitaires ayant un impact sur la santé. Une décision jugée insatisfaisante pour la filière betterave. «À force d’utiliser la même molécule, la nature s’adapte et devient plus résistante. Plusieurs molécules seraient plus adaptées», s’indigne Alexis Hache, président des betteraviers de l’Oise. Les confédérations de betteraviers réclament une dérogation pour l’acétamipride, un insecticide en cours de réévaluation par l’agence sanitaire européenne. «Pour 2024, ça ne sera pas possible, mais cela peut potentiellement changer l’année prochaine en fonction des analyses», répond Agnès Pannier-Runacher.
Rester compétitif
Lors d’une table ronde, les représentants agricoles locaux ont également exprimé un sentiment d’inégalité quant à leurs voisins européens, qui continuent d’utiliser des pesticides. «Nous identifions des solutions à court terme pour rétablir une concurrence loyale entre les autres États-membres européens», détaille Agnès Pannier-Runacher. Cette dernière évoque l’idée d’une clause miroir. C’est-à-dire la possibilité d’imposer aux autres pays les mêmes normes environnementales que celles exigées pour les agriculteurs français.
«Il est irresponsable de supprimer les pesticides dans le système économique dans lequel on est. Il faut rester concurrentiel», assure François Théry de la Confédération Paysanne. Rotation de cultures, choix de variété, broyage de résidus… Les agriculteurs n’auront de choix que d’expérimenter. Face à ces interdictions, des espaces comme le Pôle légumes-Région Nord qui minimise les pesticides, ont un rôle à jouer. «Il faut que l’État accompagne et investisse dans ces structures», conclut Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA 62.