Acheteurs publics responsables, une fonction en pleine mutation

La communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut a organisé une journée dédiée aux acheteurs publics responsables. À Arenberg, le temps était à la réflexion.

Les élus locaux se sont exprimés sur le site d’Arenberg Creative Mine. © Aletheia Press / E.Chombart
Les élus locaux se sont exprimés sur le site d’Arenberg Creative Mine. © Aletheia Press / E.Chombart

«Il n’y a pas de transition écologique sans transition économique», introduit Fabien Pinceel, directeur achat public à la région Hauts-de-France. Le ton est donné pour cette journée placée sous le signe de l’acheteur public, sa fonction et ses évolutions. Sur le site historique minier d’Arenberg, les élus locaux des collectivités et autres acheteurs publics se sont réunis ce jeudi 12 décembre. L’objectif ? Détecter les enjeux de cette fonction et les changements auxquels elle fait face.

Les acheteurs publics, qui se chargent d’acquérir des biens ou des services pour répondre aux besoins d’une administration publique, doivent jongler avec un contexte difficile. «Les marchés se tendent, la transition écologique a un impact fort puisque cela transforme nos priorités et les processus», analyse Corinne Leplat, présidente du conseil national des achats (CNA) en Hauts-de-France.

En quelques années, les acheteurs publics responsables ont dû s’adapter aux crises, mais aussi aux transformations de leurs clients. «Nous nous chargeons de l’appel d’offres, du cahier des charges… mais on nous demande de plus en plus de données RSE pour les projets à réaliser», constate Corinne Créquit, directrice générale adjointe prospective, projet de territoire et transversalité à la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut (CAPH).

«Une crise de la fonction publique»

«L’aménagement du territoire c’est notre crédo, nous travaillons d’abord pour l’habitant», souligne Arnaud Bavay, président de la CAO CAPH, maire d’Hordain et DGS de Fresnes-sur-Escaut. Les enjeux sont sociétaux, environnementaux, mais aussi économiques. L’élu pointe, lui, des mécanismes d’achat délicats. «C’est très compliqué de comprendre les marchés du gaz et l’électricité. Ils se sont complexifiés avec les crises successives», poursuit-il. «C’est une telle mutation qu’il va falloir nous adapter et nous déplacer vers d’autres institutions» prévient à sa droite Thibault Gheysens, élu RH à la ville de Lens, ancien DGS de Loos-en-Gohelle.

« Aujourd’hui, on vit une crise de la fonction publique sur notre territoire. La vraie problématique, c’est plutôt pendant combien de temps encore y aura-t-il des acheteurs ? » s’inquiète Corinne Créquit. Pourtant, cette fonction est plus que jamais essentielle pour des collectivités face à des défis variés. Dans la commune de Raismes, 12 100 habitants, par exemple, l’éclairage public seul pèse 40 % du budget total. De son côté, la centrale d’achats CAP Territoires s’est vue dans l’obligation de mutualiser ses interfaces pour mieux répondre aux besoins de ses clients.

Former pour s’adapter

Des ateliers et des groupes de travails étaient organisés dans la journée. (© Aletheia Press / E.Chombart)

Pour résoudre ses multiples problématiques, il y a plusieurs solutions. La région Hauts-de-France y travaille depuis des années avec sa politique Rev3 et analyse régulièrement les difficultés des marchés. «Il faut former nos prescripteurs pour monter en compétences et ainsi avoir le même vocabulaire, pour le même objectif, insiste l’élu régional, Fabien Pinceel. Nous avons besoin d’une acculturation à l’achat public». Cette année, la région a formé 140 de ses collaborateurs et espère en former davantage. En ce sens, le CNA a créé un jeu pour 10 à 15 personnes afin d’argumenter et de faciliter les achats inclusifs entre les différents partis. Les efforts se multiplient en région pour agir face à cette transformation.