Absente du mini-Davos italien, Giorgia Meloni a néanmoins conquis les patrons
Grande absente du mini-Davos du gotha de l'industrie italienne sur les rives du lac de Côme, la Première ministre Giorgia Meloni a su néanmoins amadouer une grande partie du patronat local...
Grande absente du mini-Davos du gotha de l'industrie italienne sur les rives du lac de Côme, la Première ministre Giorgia Meloni a su néanmoins amadouer une grande partie du patronat local, mais peine à convaincre les investisseurs internationaux.
Une nette majorité (69%) des grands patrons réunis à Cernobbio, dans le nord de l'Italie, pour le forum économique The European House - Ambrosetti, portent un jugement positif sur le gouvernement, selon un sondage réalisé dimanche par les organisateurs. 18,3% d'entre eux ont un avis négatif.
A l'inverse, la très controversée taxe sur les superprofits des banques, annoncée début août dans la plus grande confusion, a suscité une forte opposition, avec 62,8% d'avis négatifs.
Le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti, qui a fait le déplacement à Cernobbio, a promis dimanche que la taxe pouvait "sûrement être améliorée" et a admis des couacs de communication, mais a assuré que cet impôt était "juste".
Pour de nombreux chefs d'entreprises, la taxe n'était qu'un accident de parcours.
Mis à part "ce petit dérapage", la "bonne nouvelle est qu'après Mario Draghi, nous avons quand même à nouveau un gouvernement qui jouit d'une forte crédibilité", juge Andrea Costantini, vice-président exécutif d'Agrati, fabricant de composants pour l'industrie automobile.
Toutefois, "Giorgia Meloni est à la croisée des chemins: ou elle persiste dans la voie de son prédécesseur Mario Draghi et de Margaret Thatcher, ou elle cède à la tentation d'une dérive populiste pour des calculs électoraux à court terme", prévient-il.
A l'approche des élections européennes en juin 2024, la cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia se livre à une surenchère avec son vice-Premier ministre et chef de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, pour capter des votes.
Choix courageux
"Ils avaient peur d'être considérés trop proches des élites, ils ont donc inventé cette taxe bancaire, c'était un coup de théâtre populiste pour montrer qu'ils étaient proches du peuple", analyse pour l'AFP Francesco Galietti, fondateur du cabinet de consultants Policy Sonar.
En plein débat sur les ravages de la taxe bancaire, Giorgia Meloni a renoncé à participer au forum, invoquant un agenda chargé.
Pourtant, nombreux sont les patrons qui lui reconnaissent d'avoir fait des "choix courageux" comme la suppression du "revenu de citoyenneté" destiné aux pauvres, qui les empêchent selon eux de recruter du personnel.
Et les affaires continuent. Toni Volpe, PDG du groupe d'énergies renouvelables Renantis, estime que le changement de gouvernement "n'a eu aucune répercussion négative" sur son secteur, même s'il estime que l'Italie est à la traîne en matière d'éoliennes et devrait accélérer leur installation.
La coalition de droite et d'extrême droite dirigée par Mme Meloni a pris en octobre 2022 le relais de Mario Draghi, qui avait jeté l'éponge après avoir été lâché par trois partis de son gouvernement d'unité nationale, dont la Ligue.
"Le gouvernement Meloni est politique, pas technique comme celui de Draghi. Giorgia Meloni a une grande capacité à comprendre les besoins des entreprises", estime M. Volpe.
Manque de compétence
Invité de marque du Forum Ambrosetti, le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a eu au contraire des mots très durs sur l'équipe de Giorgia Meloni.
"Je pense qu'il y a un problème de manque de compétence", a-t-il déclaré au journal télévisé Tg3. Indépendamment de l'orientation politique, "il y a une crainte que les personnes à la barre ne soient pas très expérimentées et que la qualité des choix ne soit pas à la hauteur".
Echaudés par la taxe bancaire, les investisseurs étrangers sont eux aussi sur leurs gardes, scrutant de près les prochains projets du gouvernement.
"A l'exception de Giorgia Meloni qui se donne beaucoup de mal et essaie d'être professionnelle, le niveau de la qualité du gouvernement est très faible", juge un représentant d'un fonds d'investissement européen sous couvert d'anonymat.
"On regrette le gouvernement Draghi. L'ancien président de la BCE jouissait d'un grand prestige international et faisait preuve d'un professionnalisme que ce gouvernement n'a certainement pas", a-t-il déploré.
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