Aménagement
Abbeville : inauguration du Conservatoire à rayonnement intercommunal de la Baie de Somme
Le jour symbolique de la Fête de la musique avait été choisi pour baptiser le Conservatoire à rayonnement intercommunal de la Baie de Somme, qui s'étend sur près de 3 000 m², à Abbeville. Il aura fallu presque dix ans pour que la structure voit le jour. Le nombre d’élèves est déjà en forte hausse.
Abbeville possède un Conservatoire de musique et de danse depuis 1822. C’est en 2010 que la communauté de communes de l’Abbevillois alors présidée par Nicolas Dumont avait engagé une réflexion sur la construction d’un nouvel outil. Car, accueillant plus de 650 élèves, il était abrité sur une friche en entrée de ville dite "des anciens abattoirs".
Cadeau de mariage
En 2017, après la fusion entre les communautés de communes de l’Abbevillois, de la Région d’Hallencourt et de Baie de Somme sud, le projet est revenu au devant de la scène. Un cadeau de mariage qui n’a toutefois pas été du goût de tout le monde. Car la facture est là : plus de 11, 36 millions d’euros.
Citons parmi les aides celle de la Région, à hauteur de 1, 5 million d’euros, le Département (1, 855 million d’euros) et l’État (850 000 euros). Le montant des travaux après appel d’offres a augmenté de 1%, le chantier lui a connu des retards, à cause de la pandémie.
Aujourd’hui, le nouvel équipement semble faire consensus, en particulier auprès des premiers usagers : les élèves. Ils sont 560 inscrits cette année, soit plus 15% comparé à 2020/ 2021. Trente-six enseignants y interviennent, le budget de fonctionnement est de 1, 449 million d’euros, les recettes de 110 000 euros. Le taux de remplissage de la saison depuis septembre : 85%.
Sur près de 3 000 m², le Conservatoire abrite un superbe auditorium de 250 places, qui a bénéficié d’un travail acoustique précis. D’extérieur, le CRI conçu par l’agence d’architecture Chabanne, sous maîtrise d’ouvrage de la communauté d’agglomération de la Baie de Somme, mise sur deux matières complémentaires : un volume minéral blanc et un autre enveloppé de métal réfléchissant.
La compacité des équipement, la superposition des espaces et le respect des surfaces limitent les cout de construction et d’entretien, réduisent les déperditions thermiques et minimisent les dépenses énergétiques. La conception assure un beau confort d’usage : visuel, acoustique et environnemental.
Chaque salle est baptisée du nom d’un artiste
Le projet s’organise autour du patio pouvant accueillir spectacles et expositions. Le hall a pour vocation de favoriser les synergies et interactions entre les élèves, professeurs et spectateurs. Les multiples ouvertures des salles d’enseignement sur le volume minéral sont positionnées telles des notes de musique sur une partition. Chaque salle est baptisée du nom d’un artiste, illustré dans sa discipline, qui a marqué son époque ou originaire de la région, voire d’Abbeville.
À l’heure des discours, chacun a salué ce nouvel outil. Pascal Demarthe, maire d’Abbeville et président de la communauté d’agglomération de la baie de Somme a évoqué « un hymne à la musique et à la danse », « une façade rayonnante » semblant vibrer, « une splendide réalisation qui fait la fierté de notre territoire », la « fierté collaborative d’avoir fait émerger de magnifique équipement ».
Le but étant de faire rayonner la structure au sein de toutes les communes de l’intercommunalité et même au-delà. Le CRI possède d’ailleurs une antenne à Saint-Valery-sur-Somme et une autre à Cayeux-sur-Mer.
Stéphane Haussoullier, président du Département de la Somme, a rappelé combien ce « cadeau de mariage » avait suscité de discussions avant de poursuivre : « Il est tourné vers la musique et vers les arts. Une Fête de la musique nécessitait que l’on célèbre l’investissement de l’agglomération. »
François Decoster, vice-président régional en charge de la Culture a pointé un « choix ambitieux, un travail collectif sur plusieurs équipes, plusieurs mandats ». Philippe Fournier-Montgeux, le sous-préfet d’Abbeville, a souligné « une belle promesse qui est au cœur de ce projet », une Picardie Maritime « terre de musique » comme en témoigne le Festival de musique de Saint-Riquier, une « démarche tournée vers la jeunesse, un phare d’attractivité, un phare de solidarité entre les élus et entre les élus et la population de ce territoire », le « caractère structurant de ce conservatoire situé en entrée de ville ». Enfin, comme beaucoup, il espère y « voir éclore de nouveaux talents ».