Territoires
À Thionville, l’enjeu écologique, de santé publique et économique de la piétonisation du centre-ville
Ce mercredi 3 août, la ville de Thionville articule, pour la 2e année consécutive, à titre expérimental, la fermeture de son centre piétonnier aux véhicules. L’opération sera renouvelée les 10 et 17 août. Elle s’inscrit dans un plan global communal visant à diversifier les mobilités urbaines. La piétonisation des centres-villes ? Des vertus écologiques et économiques. Décryptage d’une évolution citadine qui prend forcément de l’ampleur à l’heure où le changement climatique va nous imposer une nécessaire adaptation de nos modes de vie.
Face aux enjeux de santé publique et environnementaux actuels, à l’heure où le réchauffement climatique s’impose à nous chaque jour un peu plus, l’heure n’est plus à la tergiversation. Il y a ce que chacun de nous peut faire à son niveau - faire évoluer sa consommation, ses modes de déplacements, être plus sobre énergiquement - et ce que la collectivité - locale notamment - impulse. La ville de Thionville est active en la matière, pionnière même, sur bien des points. En cohérence avec les orientations du Plan de Protection de l’Atmosphère des trois vallées et des ambitions du Plan Climat Énergie Territorial de la Communauté d’agglomération Portes de France et du Plan Climat Patrimoine et Services de Thionville ainsi que du Contrat Local de Santé, la municipalité s’est engagée dans le Plan Modes Doux, avec cet axe cardinal : le développement du vélo et de la marche.
Limiter l'émission de CO2
La marche, justement. Elle est à l’honneur ce mercredi 3 août (après l’avoir été les 20 et 27 juillet), et le sera les 10 et 17 août également. La ville de Thionville organise en effet, pour la 2e année consécutive, à titre expérimental, la fermeture de son centre piétonnier aux véhicules. Dans ce cadre, l’Apecet - l’association des commerçants de Thionville -, en partenariat avec Thionville Commerces et la commune, met en place des animations pour les enfants de 3 à 10 ans. Thionville fait partie de ces nombreuses localités hexagonales militant activement pour la piétonisation des centres-villes avec des arguments qui interpellent : protection de l’environnement, amélioration du cadre de vie et dynamisme économique. Force est de constater que le mouvement sans voiture prend de l’ampleur en France. C’est certain, la piétonisation des centres-villes est au cœur de nombreux débats. En effet, les mesures d’interdictions des voitures dans les villes ne sont pas très populaires. Pourtant, l’environnement est l’un des sujets qui préoccupe le plus les citoyens et les élus. L'accord de Paris sur le climat est encore dans les esprits. Avec cet objectif qui vise à limiter l’augmentation des températures à 1,5 °C d’ici 2100. Pour y arriver, il semble indispensable que des mesures soient prises afin de limiter l’émission de CO2. Les zones piétonnes présentent des avantages pour la lutte contre le réchauffement climatique. Actuellement, le transport routier est responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. L'un des premiers objectifs des villes vertes est de rendre les centres-villes piétons afin de diminuer la pollution automobile. Cela est plutôt efficace car en moyenne, lorsqu’une zone devient piétonne, le niveau d’oxyde d’azote diminue de 25 %. C’est un fait, les villes sans voiture permettent d’améliorer significativement la qualité de l’air. Cela est un bénéfice pour l’environnement mais aussi pour les citadins et leur bien-être.
Une question de santé publique
Les centres-villes piétons ont en effet pour objectif d’améliorer la qualité de vie des habitants. Cela les incite à marcher et à opter pour des modes de déplacements plus sportifs. Il s'agit ici d'un enjeu de santé publique. En France, 15 % de la population est atteinte d’obésité et seulement 24 % des adultes ont un niveau d’activité physique suffisant. Favoriser la marche à pied ou la pratique d’activité sportive est l’une des préoccupations des politiques publiques afin de maintenir une population en bonne santé. Aujourd’hui, 80 % des Français âgés de 18 à 64 ans marchent moins de trente minutes par jour. Au fil du temps, la marche a été remplacée par des modes de transport motorisés : voitures, motos, scooters et transports en commun. Or, la pratique régulière d’une activité physique réduit la morbidité, améliore la qualité de vie et augmente l’espérance de vie. En rendant les centres-villes piétons, les municipalités souhaitent encourager les citoyens à marcher. Pour cela, il faut réussir à créer de véritables parcours piétons au cœur des villes afin d’allier l’utile à l’agréable.
Vecteur économique
Les zones piétonnes présentent également un enjeu économique important pour les villes et les commerçants. En effet, la création d’aires piétonnes permet de mettre en valeur les petits commerçants et redynamise le commerce au centre-ville. Les piétons consomment plus que les passagers d’une voiture. En prenant le temps de déambuler dans les rues, les piétons sont plus susceptibles de céder à un achat plaisir. Ils prennent également davantage de temps et peuvent s’octroyer facilement une pause autour d’un café ou d’une pâtisserie. Néanmoins, pour que les commerçants puissent profiter pleinement des bénéfices de la piétonisation de leur quartier, il est important de prévoir quelques aménagements. En effet, il est impératif que la zone piétonne soit facilement accessible par tout type de public grâce à une bonne desserte en transport public et à la création de nombreux parkings aux alentours. Dans son engagement, Thionville prend donc ce chemin.
A retenir :
Toujours à titre expérimental, l'accès au centre de ville piétonnier de Thionville est fermé aux véhicules tous les autres jours de la semaine jusqu'au 16 août à partir de 11 h.