Pap’s Bière cultive le goût du malt
C'est l'heure des fêtes de fin d'année ! À cette occasion, la rédaction met en lumière les artisans de l'Oise qui façonnent, fabriquent, confectionnent des objets uniques. Parce qu'ils sont au cœur de l'économie et représentent la nouvelle façon de consommer, plus locale.
Dans sa micro-brasserie à Saint-Aubin-en-Bray, Rémy Juquel produit ses bières depuis huit ans, conservant son souhait d’indépendance et de proximité avec ses clients.
Bienvenue à la brasserie Pap’s Bière. Quelques mètres carrés à peine, mais Rémy Juquel y est comme un poisson dans l’eau. Voilà huit ans que l’homme s’est lancé dans l’aventure de la micro-brasserie artisanale. Aujourd’hui, il produit 100 hectolitres par an d’une bière qu’il veut peu amère et riche en arômes. « Je cherche surtout le goût du grain, plus que celui du houblon », explique-t-il.
Une caractéristique que l’on retrouve dans sa gamme qui classiquement est constituée d’une blonde, d’une ambrée et d’une brune. Une gamme qui se complète de deux bières saisonnières. Celle de Noël d’abord, une rousse teintée naturellement et qui gagne une touche d’acidité grâce à de l’écorce d’orange. Celle de printemps ensuite, une bière au miel, concoctée en 2020 lors du confinement.
Distribuée à moins de 30 km
Le détail des recettes est jalousement gardé secret. En revanche, l’origine des matières premières, elle, est transparente. Malts et houblons proviennent de la Malterie du Château en Belgique. « Je travaille sept malts différents pour ma gamme standard, poursuit Rémy Juquel. Je me fais livrer en sacs de 25 kg. Avec une ou deux palettes, je fais 6 mois de production. »
Un brassin et un embouteillage par semaine. Rémy Juquel mène sa petite production tranquillement. « Ici, tout est fait à la main. Je suis tout seul et cela restera comme cela », assure-t-il. La production en refermentation naturelle est écoulée en vente directe (à la brasserie ou sur des marchés événementiels) ou via quelques épiceries revendeuses. Une petite part (20% tout de même) est destinée à des professionnels : bars et restaurants. Le tout à moins de 30 km de la brasserie.
Une conjoncture plus difficile
La conjoncture n’est toutefois pas aussi favorable qu’il y a quelques mois. « Cinq épiceries ont fermé cette année. Alors je cherche de nouveaux revendeurs. » L’inflation pèse lourd. Le coût de production d’une bouteille a explosé : + 40 % en deux ans. « J’ai répercuté 10%, et je vais sans doute devoir augmenter encore un peu, mais je n’ai pas une clientèle de Parisiens… Les gens réfléchissent à la dépense. »
Néanmoins, Rémy Juquel garde le moral. Il envisage de doubler sa production en investissant dans des fermenteurs et en passant à deuc brassins par semaine. Seulement, il n’ira pas plus loin, pour ne pas franchir le pas d’une embauche. « À moi de trouver les débouchés », sourit-il, positif.