A Quelmes, l’atelier de confection Miditex fait de la résistance
En grande difficulté il y a quelques mois, la société Miditex s’est relancée avec la fabrication de masques. Une embellie qui se poursuit désormais autour de marques de prêt-à-porter Made in France, qui s’appuient sur un savoir-faire transmis de génération en génération. «Miditex est le dernier atelier de confection de l’Audomarois, nous sommes des résistants», s'enorgueillit Bernard Miquel, gérant de l’entreprise familiale installée à Quelmes.
Dans l’un des berceaux de l’industrie textile nordiste, l’atelier Miditex voit le jour à la fin des années 1940 à quelques encablures de Saint-Omer. Une entreprise florissante jusqu’aux années 1980. «Lorsque j’ai repris l’entreprise familiale créée par mes parents, nous connaissions des difficultés. Il a donc fallu se bouger pour redynamiser l’activité», explique Bernard Miquel qui dirige désormais Miditex aux côtés de son épouse Valérie. Et malgré la délocalisation massive de l’industrie textile, l’entreprise continua de vivre, tout du moins de survivre.
Un avenir sombre… jusqu’en mars
En effet, jusqu’à il y a encore quelques mois, la sérénité n’était pas de mise quant à l’avenir de Miditex. Les perspectives pour le couple et ses trois couturières étaient au contraire plutôt sombres. «On ne pensait pas finir l’année 2020, confie l’entrepreneur. Nous avions quelques clients, sur des petites séries, mais avec le confinement tout s’est arrêté. Toutefois, mon fils, qui travaille dans un groupe hospitalier, m’a sollicité pour produire des masques et les aider à faire face à la pénurie. Nous avons très rapidement créé un échantillon avec une ouverture permettant d’y insérer un filtre, validé par les autorités compétentes. Rapidement, ce groupe hospitalier nous en a commandé plusieurs milliers. Puis, grâce au bouche à oreille, de nombreux médias ont parlé de nous, RTL, TF1, etc. Les commandes ont afflué, notamment pour les habitants des villages de la communauté de communes du Pays de Lumbres et des entreprises comme le Crédit mutuel, la Brasserie Goudale ou Arc international.» Pour faire face à la demande massive, les salariés reprennent le travail quelques jours après la fermeture de l’atelier et une quatrième personne, ancienne couturière de Miditex désormais à la retraite, est appelée à la rescousse. En parallèle, Miditex s’appuie sur une vingtaine de couturières à domicile. Au total, plus de 150 000 masques seront ainsi cousus de mars à mi-juillet.
Une embellie qui se confirme grâce au Made in France
Si cette bouffée d’oxygène a permis à l’atelier de retrouver des couleurs, qu’en est-il désormais ? «Nous avons repris notre activité traditionnelle autour de clients qui proposent des petites séries, vendues par le biais du web et des réseaux sociaux, et qui revendiquent le Made in France. C’est un schéma en vogue, bien qu’il reste marginal, et qui s’appuie sur des artisans comme nous.» L’éclaircie n’est donc pas passagère pour l’atelier de Quelmes, qui emploie désormais sept salariés. «L’objectif est de maintenir l’activité et les emplois, rappelle Bernard Miquel. Nous n’avons plus d’emprunt, le bâtiment et le matériel sont aujourd’hui amortis, nous sommes sur une production artisanale et non plus sur un schéma industriel. A l’origine, l’Audomarois était un territoire industriel dédié à la confection de vêtements pour enfant, il y avait environ 4 000 ateliers à la fin des années 1980… Miditex est le dernier atelier de confection de l’Audomarois, nous sommes des résistants.» Une histoire qui continuera désormais de s’écrire avec Agathe, représentante de la troisième génération familiale, pour le plus grand bonheur de notre entrepreneur. «Etudiante à l’ISEM de Roubaix, Agathe nous a donné un coup de main pour la fabrication des masques… et s’est prise au jeu. Elle a désormais envie de prendre la suite, ce que je n’aurais pas imaginé il y a un an.» Et d’ajouter : «Nous serons toutefois confrontés à moyen terme à un problème de main-d’œuvre. L’âge de la retraite approche pour nos couturières et il n’existe plus de formation aux métiers de la confection, des métiers qui ont été dévalorisés. Nous ne produisons plus à la chaîne comme autrefois ; nous travaillons sur des petites séries et cela demande un vrai savoir-faire, une qualification. Il y a pourtant un nouvel intérêt des jeunes pour les métiers de la confection.»