Industrie automobile

À Metz, le Forum franco-allemand flèche la mobilité de demain

La croissance démographique liée aux adaptations au changement climatique fait repenser la place de la voiture dans nos villes. Le thème du second Forum franco-allemand déroulé au Centre des Congrès Robert-Schuman, à Metz, organisé par l'Eurométropole de Metz, en coopération avec la Ville de Sarrebruck. Intervenants du monde universitaire, industriel et institutionnel ont livré de précieuses pistes. Avec cette certitude, demain ne ressemblera en rien à aujourd’hui en termes de mobilité dans nos espaces urbains.

Une journée dédiée à l'industrie automobile de demain.
Une journée dédiée à l'industrie automobile de demain.

Le Centre des Congrès Robert-Schuman a accueilli la seconde édition du Forum franco-allemand. Une journée d’échanges, de partage d’expériences, de réflexions synergiques de haut niveau autour de ce thème central de l’industrie automobile de demain. Sujet qui recoupe tant d’enjeux. On le sait, le défi climatique et les problématiques de mobilité nous obligent. Il s’agit de trouver des solutions globales, pragmatiques et efficaces. En somme, trouver le chemin d’une écologie raisonnée, non punitive et non dogmatique. Dans son propos inaugural, François Grosdidier, maire de Metz et président de l’Eurométropole de Metz, traçait l’enjeu : «repenser la place de l’automobile dans la ville sans l’exclure», «limiter l’empreinte carbone en développant le multimodal et les offres de mobilité alternatives, en tenant compte des impératifs économiques et d’attractivité.» L’élu donnait ces exemples concrets sur le territoire de la métropole tels les navettes fluviales, l’installation des bornes de recharge pour véhicules électriques, la densification du réseau de pistes cyclables, le passage à l’hydrogène dans les transports. L’élu l’a redit : «Il faut miser sur l’innovation. Ces enjeux sont bien sûr un domaine de compétences franco-allemand.»

«Il ne s'agit pas d'exclure la voiture de la ville, mais de repenser sa place», a affirmé François Grosdidier.

L'enjeu de la décarbonation
Effectivement, un échange transfrontalier peut aider à redéfinir le rôle de l’automobile dans une société moderne et tournée vers le futur. L’ambition est ici de favoriser l’émergence de stratégies communes viables à la fois sur les plans écologiques et économiques. Uwe Conradt, maire de Sarrebruck et président de QuattroPole, Thomas Kern, consul d’Allemagne à Strasbourg, Brigitte Torloting, vice-présidente de la région Grand Est, soulignait «les progrès faits par l’industrie automobile», «l’enjeu majeur de la décarbonation», invitant chacun «à ne pas fermer les yeux face aux défis qui sont devant nous.» Suivait un débat éclairant et inspirant sur la place de l’automobile dans l’espace urbain. Julia Arras évoquait ces solutions expérimentées que sont les péages urbains, la réduction des places de stationnement. Notant : «La voiture pollue, peut-être dangereuse mais elle est en pan économique, industriel, d’emplois, dont ne saurait se passer. Le covoiturage, les véhicules publics, l’autopartage sont des alternatives crédibles. En Allemagne, la culture de la voiture est très présente. 70 % de la population l’utilisent au quotidien.»

«Les constructeurs font de gros efforts pour évoluer vers une mobilité durable», constate Julia Jarass

Penser une autre ville...
Jens Metz rappelant «que la ville du XXe siècle a été faite dans une logique industrielle, après la guerre, durant les Trente Glorieuses, il voit cela avec les yeux de l’époque. La DS, la 2CV, la Coccinelle sont cultes.» Poursuivant : «L’idée était bonne mais le temps est venu de changer de modèle. Plus on donne de routes aux voitures, plus il y en a.» Donnant sa vision de la ville : «La période de la Covid a redonné aux villes une qualité de vie. Une ville apaisée, c’est une ville avec moins de bruit. Il nous faut passer d’un urbanisme pensé pour la voiture à un autre pour les populations. C’est l’homme qui fait la ville, pas la voiture. Des compromis sont nécessaires. Les décideurs doivent faire preuve de courage pour imposer de nouveaux modes, même si cela est mal compris et impopulaire.» Carsten Meier parlait lui «de l’ère du SUV en Allemagne», «de l’implication des constructeurs en termes d’électromobilité, de voitures autonomes.» Concluant : «convaincre plutôt que contraindre.» La journée allait être rythmée par des témoignages pertinents et concrets sur les formations actuelle et à venir pour insuffler un dynamisme au secteur automobile et le placer en plein dans les mutations du XXIe siècle, et les innovations inhérentes.

Intelligence collective


Plusieurs exemples français et allemands portaient témoignage de ce travail de terrain réalisé dans cette relation bilatérale et dans la Grande Région transfrontalière, laboratoires d’idées et catalyseurs de projets. C’est le cas du projet Delage V12 de l’École nationale Supérieure des Arts et Métiers de Metz (ENSAM), du Pôle de compétences Future-Transportation - Society de la Hochschule für Technik und Wirtschaft des Saarlandes, du projet INTERREG Grande Région Pôle Automobile Européen-e-green de la CCI Grand Est, du projet Xircon du Karlsruhe Institute of Technology. C’est, au final, ce cursus bilingue franco-allemand qui trace les sillons de demain. Il permet sur le périmètre de l’Eurométropole de Metz à un élève de suivre toute sa scolarité, de la maternelle à l’université. Un atout mis au service d’un territoire imprégné de cette histoire industrielle plus que centenaire. Ce Forum franco-allemand a permis de marier échanges et transmission intellectuels et techniques. Explorer en bonne intelligence collective des voies de progrès : l’ADN d’un mobilité durable, innovante, partagée.

Le projet Delage est un exemple fort d'innovation sur le territoire régional.

Les intervenants du 2e Forum franco-allemand

Dr. Julia Arras, chercheuse au Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfarht, Institut de la recherche en mobilité - Dr. Carsten Meier, directeur de la section politique économique et soutien aux entreprises de l'industrie - und Handelskammer Saarland - Jens Metz, Doyen de la faculté d'architecture et génie civil, Hochschule für Technik und Wirtschaft des Saarlandes - Nicolas Bonnet, enseignant au Campus Arts et Métiers de Metz et coordinateur du projet Delage V12 - Damien Geneste, étudiant ENSAM - Frédéric Berner, directeur général de la CCI France Allemagne eV - Pierre Chevrier, directeur de l'Ecole nationale des Ingénieurs de Metz (ENIM) - Jean-Edouard Desaigues, responsable usinabilité, Arcelor Mittal, ancien étudiant de l'ENSAM - Olivier Taque, responsable Pôle formation & innovation à la Bertrandt-Academy - Vincent Carel, responsable site Lorraine Pôle Véhicule du Futur de la CCI Grand Est & responsable du projet Pôle Automobile Européen-e-green - Anjela Mayer, chercheuse au Karlsruhe Institute of Technology (KIT) Innovation Campus Future Mobility (ICM) - Professeur Jean-Rémy Chardonnet, directeur délégué Institut Arts et Métiers de Chalon-sur-Saône - Philippe Farge, délégué régional Nord-Est, Renault Group - Armin Gehl, directeur du Verband autoregion e.V - Nathaëlle Heinrich, direction vente au comité exécutif du BMW Group France - Emmanuel Nerkowski, directeur industriel, Thyssenkrupp.