À Meisenthal, l'intelligence collective a nourri les débats sur le rural futur

Le changement climatique, comme la crise sanitaire, accroît un souhait pour un nombre croissant de personnes à s’éloigner de l’urbanité. La campagne en mode de vie alternatif, beaucoup ont franchi le pas. Car la campagne, les campagnes dirions-nous, font désormais l’objet d’une plus grande attention. Peu ou pas de discours d’élus sans le terme «territoires». Une sémantique à satiété. L’Agenda rural, plan d’action en faveur des territoires ruraux engagé par le gouvernement en 2019, en est un aiguillon.

Faire sol commun

Devant cette impérieuse nécessité de repenser nos manières de vive et d’habiter le monde, les designers et artistes, tout comme les architectes et les chercheurs, ouvrent des voies nouvelles pour analyser, comprendre, construire des solutions novatrices en milieu rural. Plusieurs formations ou dispositifs ont émergé ces derniers mois, permettant à des écoles d’art et de design, d’architectes et d’ingénieurs, des formations supérieures et des laboratoires universitaires, de travailler directement avec des collectivités territoriales, des associations, des exploitations ou des parcs naturels régionaux, afin d’expérimenter de nouvelles méthodes de pensée et de travail. Fondées sur la coopération, le service public, la défense militante des valeurs écologistes, ces expériences impliquant des designers et des artistes avec les habitants avaient vocation à être partagées. Dans cette optique, l’Ecole des Arts Décoratifs et la Haute école des arts du Rhin ont initié l’organisation de deux journées de rencontres et d’échanges à Meisenthal. Ces 15 et 16 septembre ont été prolixes en conférences et forums de haut niveau, abondant des pistes prometteuses. Point final : la signature par de nombreux intervenants de La Déclaration de Meisenthal pour jeter les bases du réseau national Campagne Première, ici soutenu le ministère de la Culture, l’Office français de la biodiversité, le département de la Moselle, la Fondation Lemarchand, la Communauté de communes du Pays de Bitche, le CIAV de Meisenthal et l'association ARToPIE. Avec cette conclusion évocatrice : «Nous savons tous ce qui nous rassemble : que la campagne impose un topos et un tempo qui déterminent d’autres rythmes, que le temps est venu de désurbaniser la pensée et de faire sol commun, qu’il faut rendre visibles les invisibles, qu’il n’y a pas d’art plus urgent que de vivre et d’habiter ensemble.»