À Maze Metz, Fanny Marangé essaime une consommation douce

C’est une boutique stylée, comme posée délicatement dans le centre passant messin, une oasis de quiétude dans la cavalcade urbaine. Maze Metz n’est pas tout à fait un commerce comme les autres. Il suffit d’en pousser la porte pour s’en rendre d’emblée compte. Tout ici appelle à la tranquillité, à prendre son temps. L’agencement est aéré, la décoration pensée avec finesse. Des chaussures, de la maroquinerie, des cosmétiques, des produits textiles… si différents. Dans ce cocon de zenitude, Fanny Marangé, la gérante, a su donner corps à une atmosphère, une ambiance épousant sa philosophie. Maze Metz soufflera le 1er décembre sa première bougie.

Comme une révélation...

Fanny Marangé a une histoire bien particulière, une belle histoire, celle d’une abnégation, d’une volonté forte de se réinventer un dessein, sortant soudain des sentiers battus, et rejoignant des convictions chevillées au corps. Tout débute pour cette Thionvilloise de racines, de la plus linéaire des façons. «Après un master de droit, j’ai travaillé durant sept ans dans le secteur financier au Luxembourg en tant que juriste spécialisée en lutte anti-blanchiment», débute-t-elle. Avant de poursuivre : «J’ai réussi en fait à tenir sept ans...». La tonalité de la voix résonne comme un soulagement. «Ouf, c'est fini». On l’a compris, cette carrière rectiligne s’est soudainement interrompue. De son propre chef. Burn-out, dépression. Fanny Marangé l'explique : «Je ne supportais tout simplement pas et plus ce que je faisais. Cela ne correspondait pas à mes valeurs», continue cette éprise de nature et d’humanité. Le basculement se fait à l’été 2019, par la voie d’une reconversion professionnelle. Après une intense période d’introspection personnelle, celle où on se remet en cause, en quête d’une nouvelle trajectoire, entre espoirs et doutes, quand on oscille d’un monde à un autre, ayant quitté le premier, sans encore avoir atteint le second, que le brouillard ne semble être que le seul horizon, elle trouve enfin son Graal. Portée depuis longtemps par un mode de vie rythmé par le véganisme et une consommation écoresponsable, Fanny Marangé a le déclic fin 2020 : «Cherchant une activité qui ait du sens, j’ai décidé de créer un lieu, une entreprise, respectant mes valeurs. Depuis bientôt un an, je partage cela avec enthousiasme avec les Messins et les Messines.»

Des produits respectueux de l'humain et de la nature

Dans son cheminement, elle a été accompagnée par Vincent Goepp, conseiller en pilotage d’entreprise, à la tête de Tandem Gagnant SARL, et cheville ouvrière du réseau Rivalis. Dès lors, Fanny Marangé entame le parcours de tout futur entrepreneur, dans le dédale des démarches inhérent à ce statut. Il faudra quelques mois pour le concrétiser, de la plus belle des façons. Depuis, elle est ici comme un poisson dans l’eau. Chaque mètre carré lui ressemble, symbiose entre douceur et dynamisme. Elle détaille le concept : «Maze Metz est une boutique de mode et de cosmétiques respectueux. Je sélectionne les produits et les marques selon le respect de trois valeurs essentielles. D’abord, le respect de l’environnement à travers les matériaux utilisés, les méthodes de fabrication et l’origine géographique des produits. La seconde est le respect de critères sociaux et de conditions de travail acceptables. Cela passe par la dignité des salaires, le refus du travail des enfants, de l’exploitation des travailleurs, des conditions de sécurité. Enfin, la troisième est de veiller à ce que ces produits soient exempts de toutes méthodes visant à exploiter les animaux à travers le processus de création et de façonnement du produit en question, comme le cuir, la laine, la fourrure.» Exemple parmi tant d’autres, cette marque parisienne de textile dédiée à la protection de la girafe, qui figure aujourd’hui sur la liste des animaux en danger de disparition. En plus de proposer des vêtements en coton bio issu du commerce équitable, une partie des bénéfices est reversée à l'Association pour la Sauvegarde des Girafes au Niger. Ou encore cette gamme de cosmétiques pour bébés française et 100 % végétale, ces chaussures en matières végétales et recyclées, ces sacs féminins réalisées à partir de fibres d’ananas… Les exemples sont légion.

Une boutique en ligne

Ainsi, Maze Metz a su agiter un bouche-à-oreille qui essaime et petit à petit fait son nid. Fanny Marangé voit ainsi franchir le seuil de sa boutique une clientèle urbaine qu’elle scinde volontiers en deux catégories : «Des jeunes, à partir de 25 ans, très sensibles aux questions d’environnement, de consommation éthique et responsable. Et des personnes, de 50, 60 et plus, qui savent le sens de mes produits. Ils en connaissent l’essence.» Davantage qu’écoresponsabilité, Fanny Marangé préfère parler de consommation douce. Un sourire lumineux éclaire son visage : «Ici, c’est comme chez moi. Ici, c’est cool !» Sur les étagères, la clientèle trouvera de vraies perles rares. Au lancement de son commerce, Fanny Marangé ne pensait pas lancer de boutique en ligne, pour éviter ce phénomène de surconsommation, si éloigné d’elle. «Je n’avais pas prévu d’évoluer si tôt vers ce canal de distribution, mais une demande croissante de ventes à distance m’a fait reconsidérer cette possibilité. Ce projet, nous l’avons réalisé nous-mêmes, mon conjoint et moi.» En écoutant Fanny Marangé, on décèle chez elle un petit côté Amélie Poulain. Assurément, se transporter dans son univers, c'est prendre une grosse bouffée de bonheur. Celui de la simplicité. Qui s'en plaindrait ? Maze Metz, une escale au pays de l'authentique.