A Marseille, le pape dénonce l'"indifférence" et la "peur" face aux migrants
Le pape François a une nouvelle fois dénoncé vendredi le sort des migrants en Méditerranée, fustigeant "l'indifférence" et la "peur", au premier jour d'une visite à Marseille, dans le sud-est de la France, dans un contexte d'hostilité...
Le pape François a une nouvelle fois dénoncé vendredi le sort des migrants en Méditerranée, fustigeant "l'indifférence" et la "peur", au premier jour d'une visite à Marseille, dans le sud-est de la France, dans un contexte d'hostilité croissante en Europe envers les candidats à l'exil.
Accueilli à son arrivée à l'aéroport par la Première ministre Elisabeth Borne, le chef de l'Eglise catholique est rapidement parti dans son habituelle Fiat 500 blanche pour la basilique Notre-Dame de la Garde, la "Bonne mère", symbole de la deuxième ville de France, juchée sur une colline dominant la baie de Marseille.
Sous un ciel clair, il a tout d'abord participé à une prière avec le clergé dans cette basilique néo-byzantine aux murs recouverts d'ex-votos, dans une ville à la population façonnée par des siècles de migrations.
Il s'est ensuite recueilli avec des représentants du christianisme et d'autres religions, musulmans et juifs notamment, devant le mémorial aux marins et migrants disparus en mer, martelant son appel à accueillir les exilés.
"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence", a lancé le pape, qui dénonce régulièrement le sort des migrants, depuis son élection il y a dix ans.
"Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation".
"Croyants, nous devons (...) être exemplaires dans l'accueil mutuel et fraternel", a plaidé François, dénonçant une nouvelle fois l'"immense cimetière" qu'est devenue la Méditerranée, où "est ensevelie la dignité humaine".
Pas de mots, des actes
"Devant un tel drame, les mots ne servent à rien, mais des actes", a insisté le pape, fustigeant "la paralysie de la peur" et remerciant les ONG qui portent secours aux migrants en mer, tout en dénonçant ceux qui les empêchent de travailler.
Junior, jeune migrant ivoirien arrivé à Marseille à l'âge de 16 ans, a ensuite lu un extrait des Actes des apôtres sur le naufrage de l'apôtre Paul sur l'île de Malte.
Ce voyage du pape intervient justement alors qu'une nouvelle vague d'arrivées sur l'île italienne de Lampedusa a poussé l'Union européenne à adopter un plan d'urgence pour aider Rome à gérer les flux migratoires en provenance d'Afrique du Nord. La France "n'accueillera pas de migrants" venus de Lampedusa, a prévenu mardi son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
La Méditerranée est la route migratoire la plus dangereuse au monde, avec plus de 28.000 disparus en mer depuis 2014, selon l'Organisation internationale pour les migrations.
Parmi les fidèles venus voir le pape à la "Bonne Mère", Véronique Dembele, 47 ans, est arrivée en France il y a cinq ans du Mali.
"C'est une joie immense et un honneur. C'est incroyable mais vrai", a témoigné cette femme, qui dispose désormais d'un titre de séjour. Et elle ne trouve pas "que cette visite soit politique": le pape "vient pour soutenir les migrants, mais aussi pour remercier l'Etat de ce qu'il fait pour les migrants. Et il dit à l'Etat d’en faire encore plus".
Cette visite du pape a déclenché un fort engouement, malgré le déclin du catholicisme en France, accéléré par la crise des violences sexuelles dans l'Eglise.
Sécurité "hors norme
Quelque 60.000 personnes sont ainsi prévues samedi pour la messe que le pape doit célébrer au stade Vélodrome, autre symbole de la ville, précédée d'une déambulation en papamobile le long du Prado, grande avenue désormais pavoisée aux couleurs jaune et blanche du Vatican, à laquelle 100.000 autres personnes sont attendues.
Quelque 6.000 membres des forces de l'ordre seront mobilisés pour sécuriser la visite, un "dispositif hors norme", selon un haut responsable policier.
En France, pays régi par le principe de laïcité, la visite de Jorge Bergoglio a été diversement reçue, certains à droite critiquant une "ingérence" politique sur le dossier des migrants, des élus de gauche accusant eux le président français Emmanuel Macron de "piétiner" la laïcité en assistant à la messe de samedi.
Près de 500 ans après la dernière visite papale à Marseille, ce déplacement est le premier d'un pape en France depuis Benoît XVI en 2008. François s'était brièvement rendu en 2014 à Strasbourg, mais c'était au Parlement européen.
Il s'agit du 44e voyage à l'étranger du pape, qui se déplace désormais en fauteuil roulant et a reconnu début septembre que voyager ne lui était "plus aussi facile qu'au début".
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