Conjoncture
À Laon, « le marché de l'immobilier se porte bien mais se tend »
Le secteur immobilier à Laon a connu de bons mois depuis le début de l'année 2022 et la ville voit venir s'installer des citadins et des investisseurs de la région parisienne et rémoise. Mais la remontée des taux des crédits immobiliers et l'inflation sont autant de sujets d'inquiétude pour les mois à venir selon Bénédicte Pichard, directrice de l’agence B Pichard immobilier.
À Laon, Bénédicte Pichard a ouvert sa propre agence immobilière, B Pichard immobilier, au 6 de la rue Roger-Salengro, dans le quartier de la gare. Mais cette femme native de la ville-préfecture, n'est pas la première venue dans le secteur. Juriste de profession, elle a travaillé durant 25 ans à l'étude notariale Pichard avec son frère avant donc de devenir directrice de sa propre agence.
Elle travaille depuis avec Claire Chrétien, responsable du service location et gestion à destination des entreprises et Élodie Ghys, commerciale et conseillère immobilière. Ces deux employées sont salariées par l'agence, un modèle qui se fait rare puisque les agences immobilières, notamment celles issues de grandes chaînes, sont nombreuses à employer des mandataires, uniquement rémunérés au rendement.
Moins de biens et des prix qui remontent...
Bénédicte Pichard connaît parfaitement le marché immobilier local, elle qui intervient donc à Laon et dans un rayon de 20 kilomètres, jusqu'à Tergnier et Marle. « Le marché laonnois a très bien travaillé récemment mais c'est un marché qui se tend un peu avec moins de biens sur le marché et de ce fait, les prix commencent à remonter, explique Bénédicte Pichard. C'est aussi un marché sur lequel il y a peu de biens intermédiaires, c'est-à-dire qu'on a du haut de gamme d'un côté et des biens modestes de l'autre. »
La demande des particuliers, suite à la crise Covid et aux confinements, se porte sur les maisons avec jardins. « Je dirais même que la demande d'avoir un bout de jardin devient prioritaire par rapport au fait d'avoir un intérieur bien équipé, c'est assez nouveau, explique l'experte. Nous avons des Soissonnais qui arrivent à Laon parce que les prix là-bas explosent, nous avons aussi des Parisiens et un peu de Rémois qui viennent s’installer. Ces populations remontent vers Laon en quelque sorte. » La location se porte également très bien et un secteur en particulier, celui de la gare, proche de toutes commodités, est particulièrement demandé.
Si les particuliers sont en demande, les investisseurs aussi arrivent dans la ville-préfecture. « J'ai vendu à l'automne un immeuble en ville haute et le plan Action cœur de ville est assez favorable pour les acquéreurs, parce qu'ils peuvent avoir des aides financières pour la rénovation des logements », précise Bénédicte Pichard. Le bémol : la fiscalité locale : « Elle est très élevée, confirme l'experte. Même si elle est, depuis peu, un peu moins forte qu'à Saint-Quentin et Soissons. »
Les perspectives dans l'immobilier à Laon comme ailleurs ne sont pas forcément les meilleures. « Mai et juin ont été d'excellents mois mais qu'en sera-t-il à la rentrée de septembre et octobre ?, s'interroge Bénédicte Pichard. Il y a une remontée des taux des crédits immobiliers et une forte inflation qui vont pénaliser les ménages qui, sur une ville comme la nôtre, ont de faibles budgets. Et puis, il y a une remonté des prix des biens qui ne correspondent pas à leur valeur. Cela rappelle ce qu'il s'est passé en 2008 et en 2014 avec des marchés qui ont rapidement été atones. Et on sait que l'immobilier, c'est assez cyclique, tous les sept ou huit ans, on a une crise... »
Juriste et commerciale, une complémentarité pour l'agence B Pichard Immobilier
Après avoir travaillé durant 25 ans comme juriste, plus précisément comme clerc rédacteur, au sein de l'étude notariale de son frère, Bénédicte Pichard qui a aussi travaillé dans la négociation, affiche une certaine complémentarité entre juridique et commercial.
« J'ai ouvert mon agence en tant qu'indépendante en septembre 2021, ce qui change tout dans la façon de gérer son temps et puis cette double compétence est un atout quand il s'agit par exemple de recalculer une taxe foncière, de régler des problèmes techniques de servitude, d'indivisions et d'héritages..., explique Bénédicte Pichard. Je suis aussi experte immobilière à l'amiable, c'est-à-dire que j'interviens par exemple, pour aller évaluer la valeur vénale des biens lorsqu'il y a un désaccord entre héritiers ou sur demande des banques qui se demandent si leurs clients n'achètent pas un bien qui a été surévalué. Dernièrement, je suis intervenue pour le dossier d'une dame sous tutelle, dont les enfants voulaient vendre la maison afin de pouvoir lui financer une place en maison de retraite. J'ai formalisé cette demande devant un juge. C'est un service que nous rendons aux familles. »