Clubs et Réseaux : à la reconquête du monde d’avant

En mode résilience et adaptation en plein cœur de la crise sanitaire en début d’année, la galaxie des clubs et réseaux régionale tente de renouer avec le monde d’avant. Retour des afterworks, des petits-déjeuners et autres événementiels à un rythme soutenu, voire quasi frénétique. Les structures bien établies doivent aujourd’hui faire face à ce que certains qualifient de «réseaux sauvages». Ces communautés de genre et d’aspiration professionnelle sont apparues post-confinement et perdurent aujourd’hui, renforçant encore plus la complexité de lisibilité de cet univers. À l’heure où la notion d’inter-réseaux pourrait s’afficher comme l’évolution salutaire de cet écosystème, chacun apparaît défendre sa marque tout en tentant de reconquérir sa légitimité.

Retour au monde d’avant pour l’écosystème des clubs et réseaux d’entreprises ? Peut-être, mais avec de nouvelles aspirations et une reconquête de légitimité pour bon nombre.
Retour au monde d’avant pour l’écosystème des clubs et réseaux d’entreprises ? Peut-être, mais avec de nouvelles aspirations et une reconquête de légitimité pour bon nombre.

Afterworks, petits-déjeuners, soirées débats version retrouvailles, les agendas se remplissent à une vitesse folle, l’activité de la galaxie des clubs et réseaux d’entreprises a repris. «C’est impressionnant de voir combien les gens ont besoin de se retrouver, de se rencontrer !» Cette impression de la quasi-totalité des différentes structures présentes dans la région (plus de deux cents au niveau du seul département de Meurthe-et-Moselle, un chiffre facilement multipliable par trois voire quatre si l’on prend en considération la dimension régionale Grand Est : NDLR) l’affirme. Un retour au monde d’avant Covid-19 ? La question peut naturellement se poser. Si les us et coutumes des rencontres en tout genre sont toujours bien présents et que les modèles d’organisation de réunion en présentiel demeurent les mêmes, l’impact du digital et du numérique boosté à l’occasion du début de la crise sanitaire et ayant atteint son apogée à l’occasion des différents confinements, est aujourd’hui une donne certaine. 

Visioconférences payantes : nouveau business ?

«Les visioconférences ont été une alternative pour continuer à garder du lien avec nos adhérents pendant le plus fort de la crise sanitaire. Aujourd’hui, ce modèle va perdurer et l’on a vu émerger des clubs d’affaires uniquement basés sur la visioconférence. Nous nous sommes également appropriés cet outil et nous allons mettre en place une offre visio payante dans les mois à venir. C’est un vrai business qui est en train de se créer autour de cette technologie», assure un responsable de réseau bien ancré sur le territoire. Un véritable virage pour ces professionnels de la connexion version business to business. Les affaires, l’une des préoccupations principales mise en avant aujourd’hui pour bon nombre de clubs. «Les dirigeants d’entreprises veulent se relancer rapidement avant la fin de l’année. Les quatre derniers mois vont être cruciaux.» Une manne certaine que cet accompagnement au rebond, à la relance, à la reprise et au potentiel développement pour les différentes structures présentes. Des structures déjà connues dans leur typologie : clubs services, cercles d’entrepreneurs, association de dirigeants, réseau de services pratico-pratiques, de valorisation de savoir-faire, de réflexions prospectives, d’entraide collective et les plus nombreux les clubs business to business. Avant la crise sanitaire, les différentes fédérations patronales avaient pris le tournant de cette offre de services version réseaux. Une donne parfois contestée mais bien présente accentuée lors de la crise sanitaire. Pendant les douze derniers mois, l’ensemble de l’écosystème réseau a tenté de garder le contact avec ses membres, les épauler au mieux en brisant une solitude de certains complétement désemparés, et offrir un soutien plus ou moins optimal.

Apparition des «réseaux sauvages»

Et aujourd’hui ? «Il y a une sensation de retour au monde d’avant avec une reprise presque identique, voire frénétique de l’activité. La donne a pourtant changé. Bon nombre de réseaux ont perdu en légitimité et tente aujourd’hui de relancer leur dynamique. La reconquête de la légitimité et la défense de sa marque est l’un des grands enjeux aujourd’hui de l’univers des réseaux», assure un chercheur de l’université de Lorraine spécialisé dans l’entrepreneuriat. Retour à la case départ pour certains, reconquête pour d’autres, histoire de ne pas disparaître des radars de la sphère entrepreneuriale. À ces défis indéniables, s’ajoute l’arrivée récente de quelques responsables de réseaux bien établis qualifient de «réseaux sauvages». Un phénomène que certains jugent comme éphémère mais qui pourraient bien s’ancrer dans le long terme. «Un peu après les différents confinements, on a vu apparaître des groupements de professionnels entre eux à l’image de certains agents immobiliers. Un genre de communauté attachés à une marque», constate un pilote d’un club d’affaires. «Leur émergence peut s’expliquer par le besoin d’informel, d’échanger de se rencontrer et de tenter de trouver de nouveaux mécanismes pour permettre aux entreprises de se relancer. Ces réseaux que quelques-uns qualifient de sauvage renforce cette question de légitimité de certaines autres structures qui étaient déjà sous-tension», continue le chercheur de l’Université de Lorraine. Dans les conditions actuelles de l’état général du secteur des clubs et réseaux, la notion avancée par certains avant le fameux mois de mars 2020 d’inter-réseaux apparaît être passée au second plan des préoccupations. «C’est pourtant cette logique qu’il faudrait réellement atteindre. Les réseaux ont besoin de se mêler, d’interagir ensemble. C’est délicat car les chefs d’entreprise, membres de réseau, ont besoin de ressentir et d’afficher une appartenance», assure un dirigeant d’un club services. Le décloisonnement des réseaux espéré par certains semble encore devoir attendre. La phase de reconquête ne fait que commencer...

Élections consulaires : les réseaux sur le feu

«Pour moi, un réseau se doit d’être apolitique !» La conviction de ce responsable régional d’un réseau de services aux entreprises apparaît loin d’être partagé par tous ses consœurs et confrères sur nos territoires. Dans quelques semaines, les élections consulaires (vote en ligne) des chambres de commerce et d’industrie (du 27 octobre au 9 novembre) et des chambres de métiers et d’artisanat (du 1er au 14 octobre) sont annoncées. Branle-bas version campagne à tous les niveaux pour les différents postulants aux présidences. Conséquence directe : les réseaux s’activent, jusque-là rien de bien grave mais les interrogations peuvent se poser quand certains clubs et réseaux, voire fédérations, profitent de leur réunion et autres assemblées générales pour mettre en avant, voire fournir une tribune complète, à telle ou telle liste. Un mélange des genres mal venu ? Cela a l’air de ne choquer personne. L’ère du temps, sans doute...