Immobilier : à la recherche d’offres neuves presque désespérément...

2021, bonne, voire très bonne année pour l’immobilier de bureaux aussi bien dans l’agglomération nancéienne que chez la cousine messine ! Les chiffres mis en avant par la plupart des acteurs du secteur n’ont jamais été aussi bons depuis plus de dix ans. Un effet rattrapage certain par rapport à une année 2020 impactée par les effets de la crise sanitaire. Cette bonne tendance apparaît délicate à confirmer du fait d’un manque inquiétant, pour bon nombre de professionnels, de programmes neufs.

Dans l’agglomération nancéienne, les interrogations sont toujours présentes sur la poursuite des programmes de Nancy Grand Cœur devenus depuis un an le projet Nancy Centre Gare.
Dans l’agglomération nancéienne, les interrogations sont toujours présentes sur la poursuite des programmes de Nancy Grand Cœur devenus depuis un an le projet Nancy Centre Gare.

Des estimations de transactions de m² de bureaux pour la seule agglomération nancéienne oscillant entre 35 000 et 40 000 m² ! Du jamais vu depuis plusieurs années. Ces chiffres, mis en avant par les principaux acteurs de l’immobilier de bureaux de l’agglomération nancéienne apparaissent confirmer que le marché de la pierre entrepreneuriale se porte bien, voire même très bien. À l’instar d’autres régions, la Lorraine est en première ligne, les places nancéienne et messine confirment la dynamique certaine des marchés régionaux. «On constate un vrai effet de rattrapage par rapport à 2020 ! Le créneau des petites et moyennes surfaces a été très résilient grâce à la bonne dynamique des PME et PMI qui historiquement tirent le marché. Elles sont plus agiles et moins sensibles ou perméables au phénomène de télétravail et de flex-office», peut-on lire dans une étude sur les bureaux en régions émise au début du mois par un des majors du secteur. «Il faut remonter à 2006 pour voir des chiffres de ce niveau. Il y a un effet rattrapage par rapport à 2020, c’est certain mais également une croissance bien palpable, la demande est bien présente et les investisseurs demeurent bien présents», assure une commercialisatrice de l’agglomération nancéienne.

Le cas Nancy Centre Gare

Une croissance de la demande mais pas vraiment de l’offre neuve. «Si nous n’avons pas rapidement de nouveaux programmes, nous allons nous retrouver oubliés par les investisseurs !» À l’instar de ce professionnel nancéien intervenant sur l’ensemble de la Lorraine, le fil rouge qui ressort aujourd’hui de la grande majorité des commercialisateurs de la pierre entrepreneuriale est ce manque de programmes neufs. Dans l’agglomération nancéienne, difficile aujourd’hui d’en envisager de réels nouveaux après plus de dix ans où les programmes n’ont eu de cesse de fleurir. Le quartier des Rives de Meurthe aujourd’hui quasiment terminé avec l’émergence du futur siège d’Orange à l’angle de la rue du Maréchal Victor et de l’avenue Charles-Étienne Collignon ou encore Nancy Grand Cœur, aujourd’hui rebaptisé Nancy Centre Gare par la nouvelle majorité métropolitaine en place, tirent leurs dernières cartouches en matière de programmes neufs. Particularité certaine pour Nancy Centre Gare. Fin 2020, la nouvelle majorité en place à la Métropole du Grand Nancy assurait vouloir apporter «un nouveau regard sur ce quartier. Il nous faut nous émanciper du projet initial et construire une ville plus résiliente», assurait Chaynesse Khirouni, vice-présidente déléguée à la transition écologique et à l’urbanisme à la Métropole du Grand Nancy. En janvier 2021, une consultation pour le recrutement d’un nouveau maître d’œuvre était lancée. Depuis, les programmes engagés se poursuivent à l’image de l’immeuble de bureaux Initial, mais quid des autres projets ? Les choses pourraient être plus claires dans le courant des mois à venir.


Offre intermédiaire nécessaire

«Aujourd’hui, nous avons sur l’agglomération nancéienne entre 40 000 et 60 000 m² en stocks disponibles, ce qui représente moins d’un an de transaction en stock», souligne un professionnel du secteur. La tendance est quasiment identique à Metz où les grands projets du quartier de l’Amphithéâtre sont terminés, seul avantage mis en avant «dans l’agglomération messine, du foncier est encore disponible.» Exemple typique avec le programme Polygone du côté de la rue André Malraux, sur les anciennes friches du groupe France Telecom. Les 14 000 m² et les deux immeubles de bureau ont déjà trouvé preneur en la personne de l’État. Une cité administrative regroupant les différentes directions déconcentrées verra le jour. Le tout devrait être opérationnel à la fin de l’année prochaine. Et après, quelle disponibilité de foncier ? Le foncier, une préoccupation récurrente et à l’heure ou la lutte contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain s’affirment comme une nécessité sociétale dans les années à venir, les professionnels de l’immobilier entrepreneurial assurent devoir «travailler autrement.» La multiplication des petits programmes et surtout un important focus donné sur le marché de la seconde main et de la réhabilitation et rénovation s’affichent comme les moteurs qui pourraient permettre de poursuivre ce dynamisme tout relatif. «Il est indéniable aujourd’hui de posséder de l’offre intermédiaire.» Les zones d’activités et les différents technopôles, à l’image de celui du plateau de Brabois dans l’agglomération nancéienne ou de celui de Metz, s’affichent comme des îlots pour répondre à cette demande. Problème, dans certaines parties, ils sont aujourd’hui quasiment saturés. «Sur le technopôle de Brabois, il est quasiment impossible de répondre pour une demande de plus de 500 m²», assure une professionnelle de l’agglomération nancéienne. Les projets voisins de la zone Brabois-Forestière s’affichent comme une bouffée de disponibilité permettant de répondre à une demande bien présente. Une demande forte dans l’univers du bureau et encore plus dans la sphère des entrepôts logistiques ou encore d’activité. Côté commerce, les choses bougent un peu mieux qu’en 2020 (ce qui n’était pas vraiment difficile), «avec un peu plus de biens présents et plusieurs cellules à prendre dans certains centres commerciaux de centre-ville», constate un commercialisateur spécialisé dans ce type de biens. Quel que soit le type de biens recherchés, c’est l’offre réelle qui apparaît donc manquer. Une donne plus qu’interrogative pour l’écosystème de la pierre entrepreneuriale et pour le développement économique territorial...

Investisseurs : attractivité régionale

«Les investisseurs ont toujours de l’appétit même si les taux de rentabilité ont tendance à baisser.» Constat établi par un commercialisateur de l’agglomération nancéienne. Les investisseurs apparaissent donc toujours actifs sur le marché régional. Une donne générale perceptible un peu partout en région. «L’an passé, les marchés régionaux ont su attirer de nombreux investisseurs, grâce notamment un contexte économique favorable et un marché locatif très solide. Les marchés immobiliers en région conserveront leur attractivité, grâce à une prime de risque qui restera très intéressante. Il devrait bénéficier de belles perspectives cette année», assure une enquête nationale.

L’immobilier : outil de management

«Aujourd’hui, les chefs d’entreprise au niveau de leurs locaux raisonnent en poste de travail et non plus en nombre de personnes.» Cette affirmation d’un professionnel de l’immobilier de bureaux renforce les effets du télétravail, bien présents au plus fort de la crise sanitaire. Ils devraient continuer à être présents dans les années à venir. Loin d’être une simple tendance, il apparaît que le concept s’ancre de plus en plus dans les habitudes managériales. Certaines études font état d’une baisse de moins dix voire moins trente pourcent des besoins en m² du fait de l’importance prise par le télétravail. «Ce ne sont pas les seuls changements que l’on voit ! L’agencement et les services proposés au sein même des locaux sont de plus en plus recherchés, histoire d’intensifier le bien-être au travail. L’immobilier est devenu un véritable outil de management.»