À la Plaine Images, le jeu est pris très au sérieux
Fin mai, la Plaine Images a organisé une journée autour des enjeux de la gamification. Les entreprises présentes ont pu découvrir l’intérêt du recours au jeu, que ce soit pour la relation client ou en interne.
Spécialité de bien des entreprises de la Plaine Images, le jeu vidéo n’est plus la seule affaire des développeurs et des joueurs. Il s’invite dans tous les domaines d’activité pour devenir un support de communication, un outil de fidélisation des clients, et un moyen de renforcer les bases de données des entreprises. Une douzaine d’entreprises du secteur ont répondu à l’appel de la Plaine Images mi-mai pour faire la démonstration de leur savoirfaire et des multiples applications que peut avoir le jeu vidéo. “Pour cette première, nous avons choisi de mettre en avant deux axes, le jeu pour le marketing et le jeu pour les RH, explique Laurent Tricart, coordinateur stratégique à la Plaine Images. La gamification, c’est voir comment utiliser les ressorts du jeu vidéo dans une logique d’acquisition ou de fidélisation de clients, ou pour le recrutement. Et ça fonctionne très bien, pour la bonne raison que tout le monde est joueur, chacun à sa façon. Il y a belle lurette que le jeu vidéo est sorti de la chambre d’ado.”Relation client. Plus efficace, et parfois moins coûteux, qu’une campagne de communication classique, le jeu joue désormais un grand rôle dans le rapport entre les consommateurs et les marques. Qu’il s’agisse de codes obtenus en magasin ou de jeux lancés directement sur les réseaux sociaux, ils permettent d’animer la communauté de clients, de relancer l’intérêt pour la marque et de compléter les fichiers clients, puisque les joueurs sont invités à renseigner leur adresse mail. Depuis deux ans, l’agence de communication digitale Kimple s’est spécialisée dans la création de jeux pour de grandes marques, comme Brice ou Vorwerk (qui fabrique le Thermomix). “Aujourd’hui, le jeu est le meilleur levier de communication pour une marque, et il permet de mesurer l’attachement des consommateurs, explique Maxime Gattano, responsable marketing chez Kimple. Pour nous, il n’est pas question de produire des aspirateurs à e-mails, mais de mettre en place une vraie interaction ludique entre une entreprise et ses clients. Nous avons plus de 2 500 réalisations à notre actif, qui ont permis de récolter plus de cinq millions de contacts.” L’entreprise propose une solution en Saas, qui permet aux entreprises de choisir entre différents types de jeux pré-scénarisés et d’y ajouter leurs propres visuels pour obtenir de mini-jeux à leurs couleurs, inspirés de franchises populaires, type Candy Crush. Une autre formule, plus coûteuse, accompagne les entreprises au long cours dans la définition de leur stratégie marketing et l’élaboration de jeux plus complexes.
Le jeu en interne. Mais le jeu peut également servir, au sein de l’entreprise, pour la communication ou la formation. C’est la démarche de Make U Learn, une start-up qui a vu le jour à la Plaine Images il y a deux ans. “Nous créons des modules de digital learning, des courtes vidéos explicatives. Notre différence, c’est que nous garantissons le maintien de l’attention des participants, grâce à des quiz. ” La start-up s’est ainsi vu confier par Michelin la formation de 8 000 cadres au management de l’innovation, ou de 150 collaborateurs de Little Extra, filiale d’Auchan, autour de l’organisation des magasins. “J’ai eu l’idée de ces modules en regardant des Moocs*, qui sont très à la mode, explique Valentin Fluteau, le fondateur de Make U Learn. Je trouve que c’est impossible à suivre, même si l’on est intéressé par le sujet choisi, ça manque de vie ! Nous calibrons des vidéos courtes d’une demi-heure maximum, et l’attention est relancée régulièrement. L’idée, c’est que chacun puisse regarder la vidéo quand il a un peu de temps devant lui et se former à son rythme.” Une solution qui peut être envisagée pour former les équipes à des procédures internes, mais aussi pour des formations incendie par exemple, et qui se révèle moins onéreuse et plus efficace que des formations classiques, assure Valentin Fluteau. Le secteur est en tout cas en pleine expansion : Make U Learn prévoit de tripler son taux de croissance sur les prochaines années. Et la Plaine Images, devant le succès de cette journée, a d’ores et déjà prévu d’en programmer une deuxième, l’année prochaine.
Jeanne MAGNIEN