À la conquête de l’international depuis Amiens
Entrepreneur dans l’âme, Moez Ben Amar, originaire de Sphax a choisi Amiens pour créer son entreprise spécialisée dans la fourniture et la pose de verre plat à destination des professionnels. Une belle réussite qui se poursuit à l’international.
Né à Sphax, capitale économique de la Tunisie, dans une famille de verriers, Moez Ben Amar installé sur le nouveau village PME de la Chambre de commerce et d’industrie, perpétue à sa façon la saga familiale. Après un parcours scolaire classique, le jeune homme a comme des envies d’ailleurs. Ce sera Amiens. « Mon oncle y a suivi ses études de médecine et y a vécu 20 ans, donc forcément, il y a un attachement particulier pour cette ville », explique le trentenaire. En 2005 il s’inscrit à l’Université Picardie Jules-Verne (UPJV) en Économie-gestion option finance avant d’enchaîner avec un master I puis un master II Management des organisations de la Net économie (Mone), toujours dans la cité picarde. À l’issue de ce brillant parcours, Moez Ben Amar décide de retourner en Tunisie pour intégrer la verrerie familiale fondée par son grand-père en 1937.
Mais, très vite, l’envie d’entreprendre et de créer sa propre structure s’impose à ce chef d’entreprise né. En 2011, il s’installe donc définitivement à Amiens et devient auto-entrepreneur. Dépassant le chiffre d’affaires autorisé dès la première année, Moez Ben Amar crée en 2012 Alliaverre, une structure spécialisée dans la distribution et la pose de produits verriers. Une évidence. « C’est un domaine que je connais parfaitementet avec mes connaissances acquises pendant mes études, il était absolument logique d’entreprendre dans ce secteur », assure-t-il. Quatre ans plus tard, Alliaverre (huit salariés), implantée à quelques pas d’Amazon, affiche un chiffre d’affaires de 1,1 million d’euros. « Notre objectif est d’atteindre les 10 millions d’ici 2020 », confie-t-il.
Tourné vers l’international
En fournissant à des artisans, agenceurs, cuisinistes, professionnels de l’ameublement, décorateurs ou industriels du verre plat aux multiples caractéristiques – feuilleté, isolant, trempé -, Alliaverre a rapidement fait le choix de partir à la conquête des marchés internationaux. À tel point qu’aujourd’hui 80% de son chiffre d’affaires se fait en dehors des frontières hexagonales. « Le continent africain est une très belle opportunité pour nous. L’Europe est un marché mature avec des entreprises déjà très établies. Nous avons décidé de miser sur des pays émergents comme la Côte d’Ivoire ou le Cameroun où il est encore possible de s’intégrer », explique Moez Ben Amar qui vient de réaliser à Yaoundé la façade en verre de l’Institut national des statistiques. En dehors de ces réalisations, l’ensemble des produits développés par Alliaverre sont également issus de fabrications extérieures avec des partenariats noués avec des usines installées en Espagne, Allemagne et en Chine, notamment pour des questions de coûts. « En fabriquant en France nous ne pourrions pas être compétitifs », souligne l’entrepreneur qui souhaite cependant rester et développer son entreprise à Amiens. « Stratégiquement, c’est l’emplacement idéal, aux portes de Paris et avec un accès facile à l’international. C’est aussi une ville très agréable », analyse-t-il.
Assurer une présence en France
Si le marché français n’est pas majoritaire en termes d’activité, cela n’a pas empêché Alliaverre de décrocher de belles collaborations avec des réalisations à la Gare du Nord ou à l’hôtel Radisson Blu de Lyon. Travaillant généralement pour des grands comptes type Eiffage, France Watts ou Systovi, l’entreprise amiénoise va également chercher des secteurs particuliers touchant à l’énergie par exemple. Une pluralité de débouchés rendue possible grâce à la qualité des produits proposés par Alliaverre, très exigeante dans ce domaine. La présence de l’entreprise sur le territoire national est également un faire-valoir de poids dans le développement mondial de celle-ci. « La France a une excellente image à l’international, c’est une très belle carte de visite et on y trouve des salariés qualifiés, avec de vrais savoir-faire, techniques par exemple », dit-il encore.
Moderniser les pratiques
« Je pense que chaque pays a ses spécificités, ses avantages comme ses inconvénients. Ici, c’est peut-être un peu trop rigide, il y a un vrai besoin de nouveauté », philosophe Moez Ben Amar qui déplore le coût du travail mais aussi celui de l’énergie. Pas question cependant de transiger sur la qualité de vie de ses collaborateurs : « Au sein d’Alliaverre, nous sommes très attachés à l’esprit start-up et au bien-être des salariés. Si une personne se sent bien dans son environnement professionnel, elle sera forcément plus investie et plus performante, tout le monde y gagne », observe le chef d’entreprise. Une culture qui a sans doute un peu de mal à s’installer durablement dans l’Hexagone mais que Moez Ben Amar s’emploie lui à insuffler durablement au sein de sa structure.