Industrie

À la conquête de l’eldorado hydrogène

L’hydrogène, le nouvel eldorado en matière de décarbonation de l’industrie ! La Lorraine abat aujourd’hui ses cartes. À côté de l’annonce de la présence d’hydrogène blanc du côté de Folschviller en Moselle, suite au recherche du projet Regalor menée par les chercheurs de l’Université de Lorraine et du CNRS en partenariat avec la Française de l’Énergie, les projets se multiplient. Dernier en date, le projet CarlHYng de Verso Energy sur la plateforme de Carling.

Le projet CarlHYng de production d’hydrogène renouvelable bas carbone sur la plateforme de Carling-Saint-Avold est l’un des exemples du développement de cette filière visant à la décarbonation de l’industrie. © Verso Energy
Le projet CarlHYng de production d’hydrogène renouvelable bas carbone sur la plateforme de Carling-Saint-Avold est l’un des exemples du développement de cette filière visant à la décarbonation de l’industrie. © Verso Energy

«La filière aujourd’hui se structure et gagne en maturité ! L’hydrogène est un moteur dans notre mission de rendre possible un mix-énergétique décarboné et compétitif.» C’était à la fin du mois d’octobre à Carling, Antoine Huard, l’un des fondateurs de Verso Energy, présentait le projet de l’installation de la première unité de production d’hydrogène renouvelable dans l’Hexagone sur le site de la plateforme de Carling-Saint-Avold. Nom de code : CarlHYng. 450 M€ d’investissement pour cette unité programmée sur un terrain de neuf hectares sur une ancienne zone de stockage de déchets inertes sur la plateforme pétrochimique lorraine. Une concertation préalable est aujourd’hui en cours (jusqu’au 18 décembre). 

L’enquête publique pourrait voir le jour à la mi-2025. Trois unités de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau (de 100 mégawatts chacune fournis par Siemens Energy) seront successivement mises en service. La première en 2027, la seconde en 2029 et la troisième en 2030. À terme, la production cumulée devrait atteindre les 51 000 tonnes d’hydrogène par an (17 000 tonnes par unité d’une puissance de 100 MW). Ce vaste projet est réalisé en partenariat avec les gestionnaires de réseau RTE pour l’électricité : GRTgaz pour le  gaz. RTE va tirer une ligne souterraine de 400 000 volts sur près de 2 km pour alimenter les trois futures unités de production. GRTgaz connectera les installations du futur réseau de transport d’hydrogène MosaHYC (Moselle Sarre Hydrogène Conversion). 

«Nous avons déjà enregistré plusieurs marques d’intérêts de la part d’industriels français et transfrontaliers.» SHS (Saar holding stahl), troisième producteur allemand d’acier, est l’un des premiers à avoir annoncé son raccordement à ce futur réseau à l’horizon 2027. Une réponse à la décarbonation des industriels aujourd’hui en marche.


La Lorraine, terre d’hydrogène

Le projet CarlHYng est l’un des exemples des différents programmes aujourd’hui développés dans la région au niveau de la filière hydrogène. La Lorraine, terre d’hydrogène ? La réponse se veut plus qu’affirmative. Le projet Regalor, menée les chercheurs de l’Université de Lorraine et du CNRS avec l’entreprise la Française de l’Énergie pourrait faire de la région l’un des plus importants gisements d’hydrogène blanc. 

Ce projet s’additionne à d’autres menés par la Française de l’Énergie dont celui dit de la concession Bleue Lorraine visant à l’extraction de gaz de couche présents dans les anciennes veines du bassin minier lorrain. Ce projet a connu une avancée notable à la fin novembre. Dans un communiqué en date du 23 novembre, la Française de l’Énergie assure qu’elle a obtenu par décret en date du 20 novembre 2023, la concession dite Bleue Lorraine, d’une surface totale de 191 km² jusqu’au 1er janvier 2040 afin de valoriser ses ressources gazières certifiées en Lorraine. 

«Nous portons, depuis plus d’une décennie, le projet de valorisation de gaz local, une ressource écologiquement et économiquement compétitive. Nous allons pouvoir impacter positivement l’empreinte carbone du territoire en venant réduire de l’énergie importée et ainsi contribuer à la sécurité énergétique, à la décarbonation de l’industrie et au développement plus rapide d’écosystèmes hydrogènes dans la région», assure Julien Moulin, le président de la Française de l’Énergie. Reste que cette typologie de projets demeurent très controversés. La machine semble tout de même lancée malgré plusieurs oppositions.

La stratégie hydrogène

Déployer l’hydrogène dans la région ! Objectif affiché par la Région Grand Est depuis 2020. «L’hydrogène vert constitue un formidable levier au service de la transition écologique et environnementale dans la mesure où il offre des potentiels inestimables en faveur du déploiement des énergies renouvelables, du mix énergétique mais aussi des mobilités durables ou encore de l’industrie», peut-on lire dans un document sur la stratégie hydrogène pour la région à l’horizon 2030. L’hydrogène-énergie s’affiche comme une des clés pour décarboner l’industrie.