A l’EPAL de Lens, on roule de la mécanique pour la bonne cause

A l’Ecole de production automobile de Lens (EPAL), on prépare des jeunes, rebutés par l’école, à l’obtention d’un CAP maintenance des véhicules. Mais pas que… On leur apprend aussi à se comporter comme des futurs salariés.

L'EPAL dispose d'un véritable garage, dans les locaux de l'ancienne gendarmerie, route de Béthune à Lens. © Aletheia Press/B.Dequevauviller
L'EPAL dispose d'un véritable garage, dans les locaux de l'ancienne gendarmerie, route de Béthune à Lens. © Aletheia Press/B.Dequevauviller

Que faire de sa vie lorsque l’on a 15 ans et que l’on est réfractaire à l’école traditionnelle ? A l’Ecole de production automobile de Lens, on propose à tous ces jeunes d’apprendre un métier, en se positionnant entre l’école traditionnelle et le monde de l’apprentissage. «On est juste au milieu, confirme Pierre Dusart, responsable de l’EPAL de Lens depuis avril 2018. Nous les préparons à un CAP en deux ans.» Qu’est-ce qui différencie une école de production des autres types de formation ? «En lycée professionnel, le jeune va passer une dizaine d’heures en atelier. Et en apprentissage, il peut avoir peur de se retrouver face à un mécanicien professionnel. Chez nous, il va faire 35 heures par semaine, essentiellement du garage, et il sera aussi encadré.»

Pierre Dusart, responsable de l'EPAL lensois, a basé la pédagogie sur le savoir-faire mais aussi sur le savoir-être. © Aletheia Press/B.Dequevauviller

Une pédagogie basée sur le savoir-faire 

A l’EPAL de Lens, on y entre dès l’âge de 15 ans. Les profils sont varié : «On va du jeune qui ne fréquente plus l’école à celui qui a envie de partir dans la voie professionnelle, avec beaucoup d’ateliers, en passant par celui qui n’a aucun problème scolaire mais qui veut apprendre un métier. On attache beaucoup d’importance à la mixité des profils.» L’EPAL accueille aussi des mineurs étrangers non accompagnés. Concrètement, des groupes de sept jeunes sont encadrés par un maître professionnel. 

Sonny, 17 ans, prépare un CAP en deux ans, en réparant les voitures des clients. © Aletheia Press/B.Dequevauviller

La pédagogie reposant sur la pratique, l’établissement dispose d’un garage ouvert au public. «Les commandes clients sont l’ADN des écoles de formation, appuie Pierre Dusart. Sur des véhicules pédagogiques, on perd vite leur attention.» L'exigence est de rigueur : «Nous ne sommes pas un chantier-école. La qualité doit être la même que dans n’importe quel garage. C’est-à-dire une prestation bien faite, garantie par un professionnel et au juste prix.»

Mais à l’EPAL, on insiste aussi sur le savoir-être. «Le cadre est assez proche de ce qu’ils vont connaître plus tard, confirme Pierre Dusart. Mais on leur offre aussi la capacité à aller chercher ce qui leur manque, sur le plan technique mais aussi en termes de ponctualité, d’assiduité, de politesse, d’esprit d’entreprise, de curiosité, de travail bien fait.»

Reconnu par le ministère du Travail depuis 2018

L’EPAL dispose d’un budget de fonctionnement de 300 000 euros, financé par des fonds européens et une subvention de l’Etat. Il est aussi éligible à la taxe d’apprentissage. Comme toutes les écoles de production, l’EPAL est reconnu par le ministère du Travail depuis 2018 et fait donc l’objet d’une inspection par l’Education nationale, notamment sur les aspects sécurité. Enfin, chaque jeune doit s’acquitter de 150 euros de frais de scolarité par an. «Et il connaît le coût réel de sa formation et le chiffre d’affaires de l’atelier, conclut Pierre Dusart. On leur explique que rien n’est gratuit.» Depuis l’ouverture de l’école en 2017, 40% des jeunes qui en sont sortis ont rejoint l’emploi en CDD ou CDI ; 40% ont poursuivi leurs études et 20% se sont orientés vers un autre domaine.