À Dourges, Agri Union Bioénergies inaugure son site de production de biométhane
La société Agri Union Bioénergies a inauguré son site de production de biométhane installé à Dourges en présence notamment de Philippe Vasseur, ancien président de la Mission Rev3 et ancien Ministre de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, d’élus des Hauts-de-France et du Pas-de-Calais, et de ses partenaires à savoir la Chambre d’Agriculture, GRDF, le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel. Ou l’histoire d’une résilience.
Au-delà du drame humain, la fermeture définitive en 2003 de l’usine Metaleurop a été un véritable drame écologique pour les habitants de Noyelles-Godault et des communes voisines. Plomb, zinc, cadmium… 650 hectares de sols, des terres en partie agricoles exploitées actuellement par 32 agriculteurs, sont polluées. Une partie des productions agricoles ne sont plus conformes pour l’alimentation humaine suite à un durcissement des normes européennes en 2010 ; et depuis 2014, les activités agricoles sont encadrées par arrêté préfectoral, toutes les cultures étant analysées avant leur commercialisation.
Un investissement de 8,5 millions d'euros
Les agriculteurs réfléchissent alors à une alternative à la production alimentaire en produisant de la biomasse végétale pour alimenter une unité de méthanisation, la dépollution des sols s’avérant impossible. L’association «agriculture et enjeux de territoire» voit le jour en 2015 pour porter ce projet et les filières de reconversion non alimentaires envisagées sont d’abord la production de miscanthus, utilisé sec en tant que combustible comparable à de la plaquette bois, puis l’expérimentation de production d’huiles essentielles et de chanvre. Et enfin le plus gros projet de reconversion, qui absorbe environ 300 hectares de la zone, dédié à la production de culture à vocation énergétique avec la création d’une unité de méthanisation
Huit agriculteurs se regroupent pour porter un investissement de 8,5 millions d'euros, subventionné par la Région à hauteur de 3,3 millions d'euros dans le cadre du FEDER. La construction débute en 2020 avec parallèlement les semis des premières cultures, pour une mise en service et la distribution des premiers mètres cubes de gaz vert dans le réseau de distribution GRDF en avril 2022. «Je crois à l’action collective dans une matière comme celle-ci. On ne peut pas réussir la mutation d’une région si chacun tire dans son sens ! C’est facile à dire, beaucoup plus difficile à faire, mais je crois que nous avons tenu cet objectif du collectif et vous êtes le meilleur exemple !» s’est réjoui Philippe Vasseur. «Je pense sincèrement que cet esprit collectif vous a permis de surmonter les obstacles et que nous serons la première région de France, voire d’Europe, sur cette nouvelle filière».
La préservation de 35 emplois agricoles
Avec cette unité de méthanisation et les activités indirectes inhérentes au site, Agri Union Bioénergies a contribué à la préservation d’une trentaine d’emplois agricoles mais également à la consolidation de 10 emplois permanents liés à la construction, la maintenance et l’exploitation du site. «Nous avons hérité d’un territoire qui a souffert pendant de nombreuses années et qui doit aujourd’hui travailler de façon différente. Ce projet passionnant, qui a mis quelques dizaines d’années à voir le jour, doit nous permettre de passer de cet archipel noir à cet archipel vert très cher à Daniel Percheron lorsqu’il était Président de Région » a poursuivi Christophe Pilch, président de la Communauté d'agglomération Hénin-Carvin. «Métaleurop a fermé il y a plus de 20 ans mais nous laisse une pollution que nous devons gérer au quotidien, notamment pour le monde agricole qui a du réfléchir, se reconvertir, trouver de nouvelles filières pour monter ce type de projet qui va permettre de contribuer au développement économique et à l’emploi, de sauver nos paysages et les terres agricoles, et de développer une industrie innovante. Tout cela est vertueux et nous serons toujours aux côtés des agriculteurs du territoire pour les aider à innover». Les Hauts-de-France, nouvel eldorado des énergies renouvelables ?
Comment ça marche ?
25 000 tonnes de matières organiques par an, dont 6 000 tonnes de fumier/lisier, sont utilisées pour produire du biogaz (énergie renouvelable composée principalement de méthane, de dioxyde de carbone et d’eau) et fabriquer un fertilisant naturel agricole inodore, le digestat. Les matières sont incorporées dans le digesteur de 2100 m3, à l’abri de l’oxygène, chauffées à 42°C et brassées pendant 65 jours.