A Coubertin, Euralille veut conquérir le front nord

Euralille fera peut-être un jour le tour de Lille sur le tracé des anciennes fortifications. Prochaine étape, le carrefour de Coubertin, entre le Vieux-Lille et La Madeleine où pourrait trouver place la cité judiciaire.

Passant sur le boulevard périphérique, on imagine mal l'étendue des terrains disponibles entre le Vieux-Lille et La Madeleine.
Passant sur le boulevard périphérique, on imagine mal l'étendue des terrains disponibles entre le Vieux-Lille et La Madeleine.

Face à son succès, Euralille cherche par tous les moyens à s’étendre avec, pour logique, de relier étroitement Lille à ses faubourgs. Une première extension avait été faite vers La Madeleine par le Romarin, où on attend toujours la place promise au carrefour du Romarin sur le Grand-Boulevard pour que cette ville nouvelle se fasse enfin au pas du marcheur et non plus à la règle du tout-automobile.

 Une seconde extension a relié Saint-Maurice par l’ancien carrefour Labis, aujourd’hui pont des Cités-Unies entre la rue du Faubourg de Roubaix et le viaduc Le Corbusier. A terme, la couverture de la tranchée du périphérique entre le carrefour Pasteur et les Dondaines rendra cette liaison plus consistante encore, effaçant cette blessure dans la ville et donnant une véritable entrée à la gare Lille-Europe qui fonctionne pour l’instant assez mal, faute de dégagement vers le nord.

Une troisième extension est en cours, porte de Valenciennes, où il est difficile de reconnaître le paysage. Ici une double liaison se fait avec Fives d’un côté, avec Moulins de l’autre. A terme il y aura une urbanisation continue de la porte d’Arras au Romarin.

 

Vers le Vieux-Lille. Où donc trouver de nouveaux terrains sinon vers le nord, vers Saint-André et le Vieux-Lille, et d’abord par le carrefour de Coubertin… Le projet est dans les tuyaux depuis un certain temps pour les terrains sis à La Madeleine, à l’entrée de la rue de Gaulle où un terrain de sport et des terrains vagues sont déjà promis à la construction.

 Cependant, de fil en aiguille, il va s’agir à terme d’un Euralille 4, car l’urbanisation du secteur devrait être beaucoup plus dense des deux côtés du périphérique qui, dans le tournant, pourrait perdre son statut pour ne devenir qu’un simple boulevard à une nouvelle échelle. C’est là que la cité judiciaire pourrait trouver place.  Cependant le problème est très complexe puisqu’il faut y intégrer des données comme le futur tram-train mais aussi la conservation des espaces verts et des anciennes fortifications très présentes dans ce secteur marqué par le monument phare qu’est la porte de Gand, accompagnée de ses défenses avancées, comme la Corne-de-Gand, bien conservées même si elles sont peu visibles.

Ce secteur connu des spécialistes comme le front nord des fortifications de Lille fait d’ailleurs l’objet d’une étude confiée par la Ville au cabinet Prost, celui-là qui a en charge le projet de la Citadelle. Il a aussi fait l’objet de l’attention de la Commission départementale des sites qui, en étudiant le projet de la Citadelle, a recommandé une très grande vigilance.

Comment donc urbaniser −«recoudre la ville» selon l’expression qu’affectionnait Jean-Louis Subileau − tout en respectant les échelles et les éléments de patrimoine et de nature dont est truffé ce secteur. Ce sera la mission principale dévolue au successeur de Laurent Théry à la tête d’Euralille.

 

Echéance dix ans. Cependant, si les réflexions avancent, tout n’est pas encore prêt puisqu’il faut d’abord concerter toutes les parties concernées avant de mettre en place une ZAC, ce qui prendra environ une dizaine d’années.

Et ce, tout en travaillant sur deux autres secteurs : l’immense friche Saint-Sauveur et ses 21 hectares pour lesquels a été lancé un dialogue compétitif de conception urbaine avant mandat donné à la SPL Euralille, et sur un secteur que l’on oublie souvent, le Triangle-des-ferrailleurs à Saint-André, dit aussi Cœur-de-Deûle, fer de lance du projet de remise en eau de la Basse-Deûle avenue du Peuple-Belge. Si ce projet de remise en eau est pour l’instant remis à des jours meilleurs pour cause d’économies, la reconquête des bords de canal jusqu’à Marquette et ses Grands-Moulins poursuit son chemin. Or, Cœur-de-Deûle est à une portée d’arbalète de Coubertin. La remise en eau du canal intra-muros semble donc de toute façon inéluctable dans cette logique urbaine tant l’état de l’avenue du Peuple-Belge pose de questions et appelle un traitement, surtout quand le palais de justice aura déménagé.

 Sans oublier de l’autre côté de la ville, ce qui se passe à Lille-Sud avec, là aussi, la reconquête en cours des délaissés SNCF de la rue de Marquillies.

A terme, c’est bien plus qu’un quartier qui sera sorti de terre entre la Porte-des-Postes et le Pont-Royal. La boucle des anciennes fortifications sera bouclée lorsque cette urbanisation prendra d’assaut le site de l’ancien port fluvial pour revenir à la Citadelle tandis que d’aucuns lorgnent aussi sur le site de l’actuel port fluvial au long de la Deûle vers Lomme et Sequedin.

Qui imagine que Lille a encore tant de possibilités d’extension ?

 

D.R.

Passant sur le boulevard périphérique, on imagine mal l'étendue des terrains disponibles entre le Vieux-Lille et La Madeleine.