A cinq mois des JO-2024, la menace de grèves persiste

A cinq mois des Jeux olympiques de Paris, la "trêve" sociale espérée par les organisateurs est loin d'être garantie: les syndicats tentent d'arracher primes et compensations, mais le dialogue social semble fastidieux et la CGT annonce le dépôt...

Le siège du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, le 8 février 2024 à Saint-Denis, près de Paris © Dimitar DILKOFF
Le siège du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, le 8 février 2024 à Saint-Denis, près de Paris © Dimitar DILKOFF

A cinq mois des Jeux olympiques de Paris, la "trêve" sociale espérée par les organisateurs est loin d'être garantie: les syndicats tentent d'arracher primes et compensations, mais le dialogue social semble fastidieux et la CGT annonce le dépôt de préavis de grève dans la fonction publique.

Il y a quelques jours encore, le président du comité d'organisation des Jeux Olympiques de Paris Tony Estanguet souhaitait "une trêve" sociale pendant les JO (26 juillet-11 août), implorant qu'"on ne gâche pas la fête". 

Las. En face, la CGT annonce jeudi matin qu'elle déposera début avril des préavis de grève dans les trois fonctions publiques sur la période.

"Il faut enfin que nos alertes soient entendues et que les Jeux soient préparés d'un point de vue social", a déclaré Sophie Binet, numéro 1 de la CGT, sur franceinfo, quelques jours après avoir adressé un "carton rouge" et demandé la tenue d'une table ronde au gouvernement.

"Les Jeux, c'est des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs qui sont percutés", a-t-elle ajouté.

Dans son viseur, "celles et ceux qui vont devoir travailler beaucoup plus que d'habitude avec des heures sup, des congés payés qu'ils ne pourront pas prendre. Et donc pour ceux-là, nous demandons quelles sont les conditions sociales de ce travail, comment est-ce qu'on va héberger tous les travailleurs et travailleuses qui devront venir en Ile-de-France pour les JO?", a dit Sophie Binet. 

Des négociations ont été engagées dans différents secteurs pour parer à un conflit social dans la police, les transports et l'hôpital, via une compensation des congés reportés et des heures supplémentaires effectuées pendant l'été.  

Une prime, jusqu'à 1.900 euros, a par exemple été annoncée le 30 janvier par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour les policiers et gendarmes travaillant en Ile-de-France. Mais la question n'est pas totalement réglée dans de nombreux autres secteurs, à l'instar des transports, de l'hôtellerie ou de la restauration.

- "Sucrer ses vacances" - 

"Contrairement à ce qu'on avait imaginé, les négociations viennent seulement de démarrer", déplore Denis Melchior, responsable de la CFDT en Ile-de-France.

A la SNCF, "la direction commence tout juste à parler de primes mais il n'y a pas de négociation", regrette Boris Plazzi, secrétaire confédéral de la CGT en charge des JO. 

L'entreprise ferroviaire propose aux salariés mobilisés pendant la période une prime de 50 euros par jour et 200 à 500 euros de prime supplémentaire en fonction de la période où ils posent leurs congés. 

"Pour 500 euros de plus, pas question que je sucre mes vacances avec ma femme et mes enfants", s'insurge Damien (prénom d'emprunt), contrôleur de train, interrogé par l'AFP. Pour ce quadragénaire, "il faudrait que la SNCF accepte d'intégrer les primes dans le salaire fixe toute l'année plutôt que de verser des primes". 

"La grogne monte dans la fonction publique, les douanes, la RATP, SNCF, les mairies ... Ce n'est pas marginal", alerte Boris Plazzi. 

"C'est incroyable", s'agace Pascal Lagrue, négociateur FO membre de la charte sociale aux JO, "on a un gouvernement qui n'arrête pas de valoriser cet évènement mondial et dans le même temps, on a un silence radio pour négocier". 

Tous redoutent in fine l'absence de contrepartie et un passage en force: ils gardent en mémoire la publication en catimini, en novembre, d'un décret décrié permettant de suspendre le repos hebdomadaire dans les entreprises qui participeront à l'organisation ou la diffusion des Jeux olympiques de Paris.

"On n'entend pas des salariés dire +on va foutre en l'air les JO+. Ils comprennent l'effort supplémentaire que ça leur demande mais il faut une compensation", ajoute M. Plazzi, de la CGT.

Pour la CFDT, il peut y avoir ponctuellement dans certaines entreprises des grèves mais "pas de blocage total à Paris".

Pour l'heure, aucune action commune à toutes les organisations syndicales n'a été évoquée.

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