A Calais, le projet allemand CargoBeamer sort enfin de terre
L’entreprise allemande CargoBeamer a inauguré, le 29 septembre dernier, ses nouvelles installations de ferroutage en bordure de l’autoroute A16 à Calais. Connecté à la fois avec le port de Calais et Getlink, concessionnaire du tunnel sous la Manche, CargoBeamer fait le trait d’union entre ces acteurs majeurs du transport et de la logistique, et doit servir de locomotive attractive pour d’autres projets à venir.
Cela aurait pu devenir une énième arlésienne, parmi ces projets économiques qui n’aboutissent pas à Calais, dix ans après les premiers contacts. Ainsi, les logisticiens Deret et Dentressangle, qui devaient rejoindre la zone d’activité économique de la Turquerie - spécialement dédiée à ces activités -,ne s’étaient pas installés. L’allemand CargoBeamer a fait preuve de persévérance pour voir aboutir son solide projet au niveau des technologies de transport de marchandises.
En effet, la méthode de CargoBeamer utilise «un JetModul, un wagon ferroviaire sophistiqué, robuste et silencieux, spécialement adapté au transport de semi-remorques non préhensibles. (…) Grâce à sa paroi latérale rabattable, il est adapté au transbordement horizontal et automatisé dans les terminaux. De même, les wagons peuvent être chargés par portique ou grue télescopique dans les terminaux de transports combinés existants», lit-on dans la documentation de l’entreprise d’outre-Rhin.
Des soutiens publics conséquents pour une technologie verte
«Nous avons désormais une solution à Calais pour traverser l’Europe rapidement et de manière efficace, a expliqué Hans-Jürgen Weidemann, PDG de CargoBeamer. Nous pouvons décharger ou charger 36 wagons en 20 minutes, soit 12 trains avec 860 semi-remorques par jour.» CargoBeamer peut déjà s’appuyer, depuis juillet dernier, sur des flux vers Perpignan, à raison de quatre allers-retours par semaine, en attendant la liaison avec Domodossola (Italie) très prochainement.
L’entreprise prend donc le rythme d’un développement conséquent : un à deux trains par jour aujourd’hui, deux cents trains par jour d’ici 2030. Pour cela, il lui faudra construire un à deux terminaux par an. Ainsi, les questions relatives aux financements sont-elles prégnantes.
Pour le terminal de Calais, CargoBeamer a pu mobiliser les soutiens financiers suivants : 7 millions d’euros de la Commission européenne au titre du programme Connecting Europe Facility ; 3 millions d’euros du Conseil régional ; 3 millions d’euros de l’Etat ; un prêt de 12,6 millions d’euros de la Banque européenne d’investissements (BEI) ; 300 000 euros de l’agence de développement économique Calais promotion. L’entreprise boucle le tour de table avec 10 millions d’euros en fonds propres. Au total, ce sont plus de 31 millions d’euros qui sont injectés sur la zone (voir le site de l’UE).
Un autre débouché sous la Manche
«Après le lancement du collectif NordLink et l’inauguration du nouveau port de Calais, la ville est 'the place to be' aujourd’hui», selon Franck Dhersin, vice-président du Conseil régional chargé des transports. Elle l’est essentiellement grâce à l’Europe qui prend la part la plus importante dans le financement de tels projets, à l'instar du canal Seine-Nord. Il reste quelques étapes à franchir pour faire tourner ces plateformes, dont une concertation avec SNCF réseau, qui gère la gestion et de l'entretien des infrastructures ferroviaires. Douze personnes travailleront sur le site.
En outre, CargoBeamer vient de signer un accord avec Getlink pour développer un flux de marchandises via le tunnel.