A Boulogne-sur-Mer, Nausicaà pêche en zone entreprises
La société d’exploitation du centre national de la mer Nausicaà se recapitalise. Lestée par une dette récurrente et des pertes conséquentes, la société anonyme d'économie mixte s’appuie sur les entreprises pour augmenter son capital et le faire passer de 1,8 à 8,6 millions d’euros.
«Ce n’est pas uniquement à cause de la situation financière difficile depuis la Covid que nous recapitalisons. Ce n’est pas pour éponger», affirme Christophe Sirugue, directeur délégué de Nausicaà. Ainsi le capital de la SA d'économie mixte passe de 1,8 à 8,6 M€ grâce à des entreprises du territoire travaillant dans le domaine halieutique comme Le Garrec (20 064 euros), le syndicat des mareyeurs (5 016 euros), la SCOGAL, Sofipêche (5 016 euros).
En sus, d’autres entreprises déjà présentes au capital participent à la recapitalisation comme Veolia qui devient le premier actionnaire privé avec 200 000 euros de plus (portant ainsi sa participation à 1 232 264 euros), Roger Delattre avec 20 000 euros (pour un total de 26 000 euros), les Carrières du Boulonnais qui passent de 27 000 à 50 000 euros de participation.
Une activité pourtant florissante
Le nouveau tour de table englobe aussi la communauté d’agglomération du Boulonnais (CAB) qui apporte 3,9 millions d’euros supplémentaires (soit 4,9 millions en tout), la Région faisant de même avec 1,5 million d’euros de plus (pour un total de 1,8 million). L’Office de tourisme et la CCI augmentent également leur participation. Au final, les entreprises totalisent 19% du capital contre 81% pour les actionnaires publics. «D’ici trois ans, nous devrions avoir terminé la recapitalisation et augmenté encore la part des entreprises», argumente Christophe Sirugue.
Ce soutien entrepreneurial est le bienvenu après deux ans d’activité perturbés par la Covid. En effet, Nausicaà aura fermé 10 mois sur les 24 derniers mois. L’équipement, propriété de la CAB, a aussi beaucoup agrandi ses surfaces d’activité (bassins, espaces d’exposition entre autres), ce qui lui confère le titre de plus grand centre d’exposition relatif à la mer. Ainsi, le chiffre d’affaires a explosé dès 2018 avec l’ouverture de la quatrième extension, passant de 9,5 millions d’euros à 20,5 millions d’euros en franchissant la barre du million de visiteurs. La hausse se poursuivant en 2019 avec 21,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Des résultats néanmoins dans le rouge
Pour autant, les charges (et la centaine de recrutements) induites lestent la société. En 2018, la perte fut de 0,5, de près d’1 million en 2019 et de 5 millions en 2020. Selon son directeur délégué, Nausicaà perdra encore 1,5 million d’euros en 2021.
La recapitalisation vient donc à point nommé pour renforcer les fonds propres et faire face à une dette qui avoisine encore 15 millions d’euros. Nausicaà a obtenu un plan garanti par l’État de 5,3 millions d’euros cette année. De quoi voir venir. Christophe Sirugue reste confiant : «Nous prévoyons de revenir à l’équilibre d’ici quatre à cinq ans.» En 2022, le budget reste toutefois suspendu à un double scénario selon la fréquentation : 730 000 visiteurs ou 650 000. Mais dans les deux cas, les pertes seront au rendez-vous...