A Belfast, la guerre en Ukraine fait tourner à plein régime l'usine de missiles Thales

Les tubes lance-missiles s'alignent sur la chaîne d'assemblage largement automatisée et tout juste inaugurée: pour répondre à la demande de missiles antichars et anti-aériens fournis en masse par le Royaume-Uni à l'Ukraine, l'usine...

Un système de missile STARStreak LML-NG (g) et un système de missile Starstreak LML à l'usine d'armes Thales à Belfast, le 16 mai 2022 © Liam McBurney
Un système de missile STARStreak LML-NG (g) et un système de missile Starstreak LML à l'usine d'armes Thales à Belfast, le 16 mai 2022 © Liam McBurney

Les tubes lance-missiles s'alignent sur la chaîne d'assemblage largement automatisée et tout juste inaugurée: pour répondre à la demande de missiles antichars et anti-aériens fournis en masse par le Royaume-Uni à l'Ukraine, l'usine Thales de Belfast tourne à plein régime.

Le site nord-irlandais du groupe français produit les missiles anti-aériens Starstreak, les LMM, un missile modulaire léger qui peut viser aussi bien une cible au sol qu'un drone en vol. Il assemble également, pour le compte du suédois Saab, les missiles antichars portables NLAW.

La production, qui vivotait dans le sillage de la fin de la Guerre froide, a "doublé en deux ans pour atteindre le niveau le plus élevé que nous ayons jamais connu, et elle doublera encore au cours des deux prochaines années", affirme Alex Cresswell, président de la branche britannique de Thales.

Pas question pour autant pour l'industriel de dévoiler les quantités produites de ces missiles de courte portée - 800 mètres pour le NLAW, 7 kilomètres pour le Strastreak ou le LMM. Tous ont la particularité de pouvoir être tirés à l'épaule et d'avoir connu leur baptême du feu sur le front ukrainien.

Avant même l'invasion russe, les Britanniques avaient déjà fourni à l'Ukraine plus de 3.500 NLAW et promis dès les premières semaines du conflit la livraison prochaine de 6.000 missiles supplémentaires, dont des Starstreak et LMM.

Depuis le début de la guerre, Londres a fourni pour 7,1 milliards de livres (8,3 milliards d'euros) d'aide militaire à l'Ukraine, dont 2,5 milliards de livres en 2024, faisant du Royaume-Uni l'un des principaux soutiens de Kiev.

"En 2022, les produits de Thales Belfast sont devenus un atout essentiel pour les livraisons britanniques à l'Ukraine", note dans un rapport le centre de réflexion londonien Rusi, pour qui "ils ont souligné la valeur des armes peu coûteuses (...) qui ont joué un rôle important en empêchant les Russes d'espérer une victoire rapide".

Thales a également formé pour le compte de l'armée britannique des centaines de militaires ukrainiens au maniement du Starstreak, un missile dont les trois flèches explosives en tungstène propulsées à la vitesse de 1.000 mètres par seconde ont mis au tapis quantité d'hélicoptères russes.

Achats anticipés

Pour assurer la montée en cadence, l'usine a embauché 140 personnes l'an passé pour atteindre 900 salariés et compte en recruter 100 de plus cette année.

Dans une immense salle, des techniciens munis de grosses loupes et de fers à souder assemblent des composants de missiles et côtoient un vaste open space dévolu aux ingénieurs et personnels administratifs. Au fond, l'espace dédié à l'assemblage des NLAW voisine avec une zone inoccupée destinée à accueillir prochainement une deuxième ligne de production.

Composants, matières premières, compétences-clés... l'industriel est parvenu à "maintenir une longueur d'avance par rapport à tout goulet d'étranglement" potentiel, se félicite le directeur commercial, Angus Cameron.

Pour livrer rapidement, Thales a anticipé les contrats et passé lui-même des commandes auprès de sa chaîne de fournisseurs pour qu'ils soient disponibles le moment venu, explique Alex Creswell.

Une prévoyance d'autant plus nécessaire que la production des éléments pyrotechniques des missiles (moteurs, ogives) peut prendre jusqu'à trois ans.

Ainsi, en 2013, trois ans après la dernière commande britannique de Starstreak, un missile en service depuis le milieu des années 1990, "nous avons pris un engagement très, très important dans la chaîne d'approvisionnement du Starstreak et nous disposons encore aujourd'hui de certains des composants nécessaires à la fabrication des missiles", explique-t-il.

Mais avec les ventes à l'exportation depuis signées, "il n'en reste que très, très peu que nous pouvons fabriquer" en cas de commandes supplémentaires.

"Le facteur limitant, ce n'est pas nos propres installations", selon Alex Cresswell, "c'est la chaîne d'approvisionnement, le vrai défi de cette activité est la montée en cadence des fournisseurs".

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