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C’est le besoin annuel estimé par l’Allemagne en termes de travailleurs qualifiés étrangers pour pallier à d’importants besoin en main-d’œuvre de l’autre côté du Rhin. Dût-il notre tropisme, voire nombrilisme hexagonal, en souffrir, la France n’est pas la seule à être traversée par les mutations sociétales.
L’Allemagne est confrontée à un fort vieillissement de son marché du travail. C’est un frein pour son économie. Les débats chez nos voisins se centrent donc sur une politique d’immigration apportant des solutions à cette problématique. Car, le phénomène est saisissant. Les grandes entreprises allemandes n’ont jamais eu autant besoin de recruter et peinent à pourvoir les postes de cadres vacants. À l’heure où les Allemands prennent massivement leur retraite, la relève aspire à d’autres choix que de leur succéder. Nombre de responsables de ressources humaines font ce constat : il est de plus en plus dur de trouver des jeunes professionnels qualifiés. Pour les jeunes Allemands, l’essentiel est ailleurs, comme cet essentiel engagement dans des collectifs œuvrant contre le réchauffement climatique, au détriment d’une potentielle carrière de manager en entreprise. Cette pénurie dans les postes d’encadrement en Allemagne a été accentuée par la période pandémique. La synthèse d’une enquête à grande échelle sur les cadres allemands par le quotidien Die Zeit livrait cette conclusion évocatrice : «La plupart des cadres sondés travaillaient 50, 60, 70 heures par semaine et gagnaient beaucoup d’argent. Selon leurs propres déclarations, ces gens ont réalisé que même un salaire annuel à six chiffre ne valait pas la peine de s’épuiser professionnellement. Beaucoup ont d’abord eu peur de renoncer volontairement à leurs responsabilités et être ainsi perçus comme étant un échec, mais très peu l’ont finalement regretté. Ils préfèrent être heureux au travail que réussir, et ne définissent plus le succès en termes de salaire et de poste.»