30 ans au service des porteurs de projet

Alexi Hervé est à l’initiative de la société Espaciel  SAS et de l’élaboration d’un réflecteur de lumière. Il a en tête de «rendre la lumière du soleil accessible à chacun dans son logement et faire d’Espaciel le leader européen de l’optimisation de fenêtre». Un concept brillant qui lui a d’ailleurs valu le grand Prix Eco-innovation au salon Environord 2012. La jeune société puise également sa force dans une productivité régionale. De son côté, Christophe  Batilliot met à disposition des PME diverses applications informatiques qui simplifient certaines tâches bureautiques. S’associant avec Olivier Barré, ingénieur télécom de Lille 1, ils créent ensemble Novabricks, un éditeur de logiciels en mode SaaS. Quant à Frédérique Grigolato, l’une des deux femmes de la  promotion, elle a conçu Clic and Walk, une application de marketing opérationnelle ; 35 000 ClickWalkers sont rémunérés pour collecter des informations commerciales en temps réel. Ainsi, cet outil innovant permet aux commerçants d’avoir une visibilité rapide sur leurs nouveaux produits. Voici donc un rapide coup de projecteur sur trois projets retenus par l’association en 2012. Au total, ce sont 75 candidatures passées au crible par LMI innovation pour seulement 23 projets sélectionnés. Le 9 avril dernier, leurs créateurs, fiers de monter sur la scène du Grand Hall de la CCI Grand-Lille devant 500 invités, ont exposé leurs idées, toutes prometteuses d’espoir, affichant au total 920 000 euros d’aide financière au compteur de l’association.

Financer l’amorçage et gagner la confiance des banques. Les 23 lauréats ont bénéficié d’un prêt d’honneur à taux zéro, qui est passé de 37 000 à 40 000 euros en une année. Une manne qui profite aux jeunes créateurs les plus téméraires, bourrés d’initiatives et âgés en moyenne de 33 ans, «une moyenne d’âge qui baisse progressivement», constate d’ailleurs Dominique Rybicki,  directrice de LMI innovation. Cependant, la somme octroyée par la plate-forme régionale n’est souvent qu’une part marginale par rapport au réel besoin de l’entrepreneur. «Notre action complète l’apport du porteur de projet et représente 12% de son plan d’investissement. LMI innovation est un acteur de financement d’amorçage afin que les créateurs obtiennent par la suite différentes levées de fonds auprès des structures régionales, voire nationales», souligne-t-elle. De son côté, Jean-François Bell, le président de la structure, évoque un manque de confiance palpable de la part des établissements bancaires. «Les banques refusent encore trop souvent d’apporter leur soutien à un projet technologique et dématérialisé, car le retour sur investissement est moins visible que celui, par exemple, des industries. Gagner leur confiance est donc l’un de nos principaux objectifs», insiste-t-il. En effet, les projets font généralement la part belle aux nouvelles technologies (61% des projets). Mais outre le web et la communication, les secteurs du bâtiment, de la santé, du tourisme, du design, de l’environnement durable ou du sport peuvent tout aussi bien faire émerger une idée sortant des sentiers battus. Et, après avoir mûri dans des ruches d’entreprises ou incubateurs locaux pour 68% des porteurs de projet, ils sont ainsi prêts à développer leur activité et être créateurs d’emplois. Dominique Rybicki indique que «158 postes supplémentaires sont prévus d’ici trois ans et se juxtaposeront aux 84 emplois déjà générés». Et de préciser : «En 2012, plus de 60% des projets étaient encore en phase d’industrialisation ou de précommercialisation ; 1 euro prêté par la plate-forme a permis aux entrepreneurs de lever 6 euros.»

 

533 projets en 30 ans. Rebaptisée LMI innovation l’an passé, l’association unique en Nord-Pas-de-Calais n’a pas seulement changé d’identité mais aussi d’orientation et de cible. Après toutes ces années écoulées depuis son lancement, son expertise s’est renforcée ainsi que son champ d’action, élargi depuis un an à toute la région. «C’est la première fois que nous avons quatre candidats sélectionnés hors de la métropole lilloise. Nous nous sommes adaptés à une demande régionale», explique Jean-François Bell. Par ailleurs, la plate-forme s’est tournée davantage vers la création en délaissant, chemin faisant, la reprise d’entreprise. «Avant 2011, l’association était encore généraliste», explique la directrice. Avec 533 projets à son actif en 30 ans d’existence, LMI innovation se tourne ainsi résolument vers des propositions innovantes sur le marché. «Sa réputation s’est forgée avec des  projets novateurs et issus de la recherche. Nous appartenons d’ailleurs à un réseau associatif, nommé Initiative France. Il s’agit du 1^er réseau de soutien et de financement à la création d’entreprises privées sur l’Hexagone, constitué de 230 plates-formes d’accompagnement. Nous sommes l’une des six plates-formes spécialisées dans l’innovation», affirme le président. Et de préciser : «LMI innovation s’est d’ailleurs adaptée aux besoins de la création, avec un financement plus important que celui accordé il y a deux ans. Nous pouvons désormais octroyer jusqu’à 50 000 euros de prêts.» Etre lauréat de cette structure représente donc un réel levier pour se lancer, doublé d’un potentiel de développement grâce à la richesse du réseau, porté par le Club LMI. Ce dernier, qui a vu le jour en 2003 et qui est dorénavant présidé par Maxence Devoghelaere, rassemble uniquement les anciens. L’occasion pour les lauréats fraîchement distingués de conclure des opportunités de business et de bénéficier de conseils avisés dans un cadre convivial. Puis, une fois que les créateurs se positionnent sur le marché, leurs projets labellisés, LMI innovation place l’accompagnement au centre de ses dispositifs durant les trois premières années d’activité. «Nous nous appuyons sur des partenaires qui nous apportent beaucoup, tels que l’association ECTI, le CJD, et le réseau des lauréats LMI bien évidemment», lance le directeur. Pas une ride donc pour l’association qui célèbre ses 30 printemps cette année et qui entrevoit de belles initiatives pour 2013 malgré un climat morose. «J’ai bon espoir pour l’année en cours et les suivantes. Jusqu’à ce jour, nous avons accordé 11 millions de prêts, créé 4 100 emplois directs et deux tiers des entreprises sont toujours en activité»,conclut le président.

 

LMI Days : deux jours pour se former

Afin d’aider les créateurs d’entreprises innovantes à envisager toutes les facettes de leur projet, LMI innovation a décidé d’intégrer les LMI Days à son programme. Ainsi, les créateurs ayant un business plan en cours d’instruction à l’association peuvent avoir une vision globale de leur plan grâce à des outils nécessaires à l’activité entrepreneuriale. Ils peuvent alors optimiser leur activité. «Nous avons quatre volets thématiques : la stratégie d’entreprise, l’ingénierie financière, la sécurisation du projet et la communication, énumère Jean-François Bell. Ce séminaire de pilotage se suit avant de passer en comité d’agrément.»