Résultats annuels
2022, année hétérogène pour les ports de Calais et Boulogne-sur-Mer
La Société d’Exploitation des Ports du Détroit (SEPD) a dévoilé ses résultats annuels 2022, le 20 janvier dernier à Calais. Ils montrent une année contrastée mais qui (re)donne de l’espoir à sa direction. Si la pêche montre quelques couleurs, le transmanche reste en deçà de ses performances de 2021 avec une baisse de -3 à -6%.
Trois années en une. Pour les trafics transmanche, c’est le découpage d’une activité très disparate. «2022 n’a pas été homogène ; on a eu un premier trimestre où l’on avait encore quelques restrictions sanitaires ; un second trimestre où nous avons eu l’arrêt des navires de la compagnie P&O, et un second semestre qui s’est très bien déroulé, commente Benoît Rochet, directeur général de la SEPD avant d’ajouter. C’est le retour des touristes.»
«Bien que le port n’ait pas encore retrouvé les volumes d’avant pandémie, le nombre de passagers a plus que doublé pour atteindre 5,141 personnes (+115%)» indique la documentation du port. Les voitures ont, elles, quadruplé avec près d’un million de véhicules légers (+280%) qui ont traversé le détroit du Pas-de-Calais. Dans le même registre, les autocars qui avaient pratiquement disparu reviennent dans les flux avec 32 416 unités. Côté fret, le bilan est partagé : les flux de poids lourds ont baissé de 2% à 1,605 million d’unités. La raison réside dans les perturbations qu’a connues P&O Ferries, principale compagnie opérant sur le transmanche, dont la flotte a été absente quelques mois. «Les navires ne sont revenus que peu à peu et le dernier est arrivé en août», précise Benoît Rochet.
Fret non-accompagné et autoroutes ferroviaires en préchauffage
Sur le fret non-accompagné, le port de Calais fait un sérieux bond en avant : 62 515 unités contre 38 678 en 2021, soit une hausse de 62%. Ce «nouveau» trafic doit cette performance à la nouvelle ligne de l’opérateur DFDS Calais-Sheerness lancée en juillet 2021 et qui pèse dans les deux tiers de ce trafic. En sus de ces bonnes nouvelles, le port de Calais voit les premiers fruits de sa nouvelle autoroute ferroviaire avec 42 000 unités qui sont passées par le port l’an dernier (+60%).
Le report modal semble porteur dans une période de redémarrage des flux entre la Grande-Bretagne et le continent. Enfin, le port de commerce forme le miroir de l’activité générale dans l’industrie : un trafic de vrac et de marchandises diverses qui reste étal (1,254 million de tonnes) car les usines ont importé moins de produits à transformer comme la chaux vive (-27%) à Boulogne-sur-Mer ou le coke (-6%) à Calais. Au final, «on a récupéré une grosse moitié des passagers perdus. Les trois quarts des trafics ont été rattrapés l’été dernier par rapport à la période d’avant Covid» résume le directeur général.
Le port de Boulogne-sur-Mer «en très bonne santé»
Les produits de la mer ont brillé en 2022. «La place de Boulogne-sur-Mer sort de cette année 2022 en très bonne santé» assure la direction du Port. Si le tonnage de la pêche artisanale perd quelques milliers de tonnes (-1% par rapport à 2021), sa valeur s’est appréciée de 19% à 87 millions d’euros. Les derniers petits bateaux se sont concentrés sur les espèces qui rapportent en jouant de l’opportunité : la seiche, dont la saison a été plus longue, par exemple, a pulvérisé tous les records avec +65% en volume et +50% en valeur ; l’encornet a suivi le même courant avec +138% en tonnage et +127% en valeur. Rouget barbet et coquilles Saint-Jacques suivent dans de moindres proportions. Pour la pêche au large, les volumes ont baissé, mais le prix moyen au kilo continue de monter (à 3,08 euros). À noter que limandes, soles et lieu noir se sont évanouis en 2022 au profit des espèces citées plus haut.
Vers un équilibre financier en 2023
Les ports de Calais et de Boulogne-sur-Mer ont de quoi être revigoré par cette reprise qui s’est étalée sur toute l’année 2022, mais des incertitudes demeurent et des coûts viennent le plomber dans son effort. Avec un chiffre d’affaires qui s’est redressé (110 millions d’euros contre 87 en 2021), l’exploitant n’est pas encore à l’équilibre. Et de nouveaux investissements «réglementaires»
sont au programme : «Nous devons réaliser de nouveaux bureaux pour la police de l’air et des frontières» indique Benoît Rochet. Travaux à la charge exclusive de la SEPD qui devra y consacrer 7 millions sur 2 ans. Si l’exploitant des ports a probablement été déficitaire encore l’an dernier (les comptes sont en cours de validation), elle compte bien renverser la tendance en 2023. «Il faut absolument que nous soyons rentables en 2023» pétitionne le président François Lavallée.