"2017, année charnière de la structuration d'un nouvel outil de financement des entreprises"
Le 10 mars dernier, le conseil de surveillance de Finorpa gestion a suivi le conseil d’administration de Finorpa financement, holding du groupe partenarial public-privé spécialisé dans l’accompagnement financier des PME, pour nommer à sa tête Jean-Louis Guérin, ancien directeur général de la CCI Grand-Lille. À charge pour lui de mener à bien la construction de la future banque régionale d’investissement. Entretien avec Sébastien Huyghe, président de Finorpa financement.
La Gazette. Depuis le 30 juin 2016, vous assumez la présidence de Finorpa financement. Quelle est votre mission concrètement ?
Sébastien Huyghe : Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France, m’a demandé de prendre la présidence de Finorpa financement qui est le holding du groupe Finorpa, après Françoise Dal, qui l’avait quittée en décembre 2015. Et Alain Denizot, président du directoire de la Caisse d’épargne Nord France Europe, qui en a assuré l’intérim jusqu’à l’assemblée générale du 30 juin 2016, le temps que le nouvel exécutif régional se mette en place. Cette présidence s’inscrit dans le cadre de la mise en place de la banque régionale d’investissement que Xavier Bertrand avait annoncée pendant la campagne électorale. S’il ne s’agit pas d’une banque au vrai sens du terme, cette entité a pour vocation de regrouper l’ensemble des instruments financiers où la Région Hauts-de-France a un rôle, de manière à avoir une porte d’entrée, non pas unique, mais en tout cas identifiée, où puisse s’adresser tout entrepreneur en création ou en développement d’entreprise, dès lors qu’il a besoin, à un moment ou à un autre, d’un accompagnement financier. Cette banque régionale d’investissement sera une porte d’entrée pour la mise en relations avec les organismes qui correspondent à son besoin financier.
Quel est l’état des lieux ?
En région Hauts-de-France, les outils financiers où la Région est présente, pas forcément à titre majoritaire, mais au moins à titre principal, sont multiples. Le groupe Finorpa, c’est autour de Finorpa financement, Finopa SCR (présidée par François Macé), Finorpa PP (présidée par Francis Leroy), le Fonds régional de garantie (présidé par Philippe Bailly) et Finorpa gestion (dont le président du conseil de surveillance est Francis Parent), sans oublier Finorpa conseils qui aide à la revitalisation de nos territoires (présidée par André-Paul Leclerc). De son côté, le groupe Picardie investissement s’appuie sur trois sociétés de capital-risque que sont Picardie avenir, Picardie investissement et Picardie énergie & développement durable. Participent encore au renforcement des fonds propres des entreprises, Finovam, outil partagé à 50/50 avec l’IRD ; Cap 3RI, outil de développement de la troisième révolution industrielle dans la région avec Nord capital partenaires ; Nord France amorçage ; le FIRA, fonds interrégional pour les entreprises innovantes ; Batixia pour le renouvellement urbain ; Autonomie et Solidarité pour l’économie sociale et solidaire…
Où en est-on aujourd’hui ?
Au-delà du besoin de pouvoir orienter créateurs et entrepreneurs en fonction de leurs demandes, il y a aussi un besoin de réorganiser l’offre de services en raison de la fusion des anciennes régions Nord – Pas-de-Calais et Picardie en une seule entité : les Hauts-de-France. Il y aura un rapprochement entre les groupes Finorpa et Picardie investissement, qui s’opérera dans un dialogue avec les équipes. Pour être aussi au conseil d’administration de Picardie investissement, j’assure le lien. Ce regroupement est ma première tâche et passe par une évolution et donc une réorganisation de la gouvernance, qui, une fois mises en place, vont permettre d’avancer dans l’évolution du dispositif. C’est en ce sens que le conseil d’administration de Finorpa financement a désigné, en conformité avec la décision du comité stratégique, Jean- Louis Guérin comme directeur général. Comme je l’ai dit, lors de la 9e édition de présentation des voeux 2017 du groupe à Arenberg Creative Mine le 24 janvier, il lui reviendra “la lourde tâche de mettre en musique la partition régionale”.
Quelle sera la suite ?
Nous avons commencé par le holding et la société de gestion a suivi le 10 mars en nommant M. Guérin président. Toutes les sociétés du groupe auront à se réunir pour décliner le changement et faire évoluer leur gouvernance. Le choix de cette nouvelle gouvernance, partagé par tous les actionnaires, a pour objectif de simplifier le processus de rapprochement. Au moment où nous allons créer la banque régionale d’investissement, nous avons besoin que celui qui va la porter soit celui qui devra la faire vivre. Il nous est apparu illogique que quelqu’un qui met en place un système ne le fasse pas vivre, de demander à quelqu’un d’aller dans un système créé par un autre. Il est plus approprié que celui qui va le faire vivre en connaisse les tenants et les aboutissants et qu’il préside à un certain nombre de choix et de décisions. C’est pour ces raisons que Jean-Louis Guérin vient, dès le départ, mettre en oeuvre la décision politique de création d’une banque régionale d’investissement.
Comment-s’effectuera cette évolution ?
Notre volonté, ce n’est pas un passage en force. Le processus commencera par un rapprochement, par des synergies. Chacun des deux groupes a ses spécificités, à commencer par un actionnariat différent. Tout doit être mis en œuvre pour que tous soient d’accord pour travailler ensemble. Nous ferons les évolutions de capital qui conviennent à tous. Le pacte d’actionnaires conclu en 2015 sera retravaillé afin de mieux partager nos objectifs régionaux et l’impératif de développement de l’emploi, pour aboutir plus qu’à un pacte à une charte des financeurs partenaires de la Région. Avec, au cœur de nos échanges, les problématiques de l’entreprise, réactivité, transparence, confidentialité, respect des délais, lisibilité, simplicité des démarches… Je souhaite que dans le même temps, le tour de table des intervenants soit élargi à l’ensemble des établissements financiers de la région, tant publics que privés, comme c’est déjà le cas au travers du Fonds régional de garantie. Jusqu’ici, dans mes rencontres avec les uns et les autres, j’ai exprimé le souhait de la Région de faire le rapprochement Finorpa/ Picardie investissement. Pour les uns, il y a l’inquiétude, voire la peur de perdre leur identité quand d’autres y sont favorables pour avoir compris que ce rapprochement va augmenter les fonds et l’effet levier du nouveau dispositif. Il nous faut mettre en avant les effets positifs et rassurer sur les craintes qui peuvent exister. Nous prendrons les meilleures pratiques des deux entités et les méthodes qui, pour avoir bien fonctionné, méritent d’être reprises. Un exemple : Picardie investissement intervient dans un moins grand nombre d’entreprises mais avec des tickets plus importants, à l’inverse de Finorpa qui est présente dans davantage d’opérations mais avec des tickets plus petits. La question du ticket moyen et du nombre d’interventions sera posée… Y aura-t-il besoin de conserver autant d’entités ? Il appartiendra à Jean-Louis Guérin de traiter ces questions d’organisation. Il lui faudra faire un état des lieux et définir la manière dont devra évoluer la gouvernance de chaque entité. Toutes ces questions sont à discuter. Nous allons fonctionner par étapes. L’écheveau est assez complexe, il faut être dedans pour pouvoir en dénouer les fils. Il y a encore du chemin à faire. L’évolution ne se fera pas du jour au lendemain. Cette première marche dans l’évolution de la gouvernance était à la fois un moment indispensable et un moment très important, puisque le mandat est placé sous le signe du travail et que le financement des entreprises et l’aide à la création sont véritablement importants pour le développement économique de la région.
Que doivent retenir les entreprises du processus engagé, dont l’aboutissement doit mener à la future banque régionale d’investissement ?
La réorientation de Finorpa, la volonté de créer la banque régionale d’investissement, la montée en puissance attendue du rapprochement des différents outils régionaux doivent être comprises comme l’illustration que la Région Hauts-de- France est délibérément tournée vers les entreprises et les entrepreneurs pour les accompagner dans leurs besoins financiers, et que cette volonté est travaillée avec l’ensemble des partenaires de la place financière. Il est aujourd’hui nécessaire que la Région soit dotée d’un fonds d’investissement d’envergure régionale et, plus encore, capable d’intervenir sur des entreprises en rebond, sur des implantations d’entreprises, sur des projets d’avenir ou encore des projets structurants pour le territoire… Ce rapprochement doit être l’occasion de partager des valeurs communes, d’améliorer les pratiques des deux côtés, d’atteindre une masse critique, de gagner en efficacité et enfin d’assurer une couverture du territoire homogène.