2015 en évolution baissière, début 2016 en hausse de 2%

22 059 créations d'entreprises dans le Nord – Pas-de-Calais (-7,2%), 10 138 en Picardie (-4,4%) : l'année 2015 est dans la ligne des évolutions constatées en France. Sur le premier semestre 2016, la région Hauts-de-France affiche une sensible hausse à +2%. Une hausse à conforter.

Les logos des différents acteurs institutionnels de la création d'entreprise.
Les logos des différents acteurs institutionnels de la création d'entreprise.

 

 

D.R.

Les logos des différents acteurs institutionnels de la création d'entreprise.

 

Les chiffres 2014 de la création d’entreprise en région Nord – Pas-de-Calais (23 824), en hausse de 1,1% sur 2013, laissaient espérer, après trois années de recul, une reprise durable.
À 22 059 créations d’entreprises, l’année 2015 réinverse la courbe à la baisse, au plus bas depuis les années 2009 et suivantes (26 540 en 2010, année record), mais globalement trois fois plus qu’au début de ce siècle (7 707 en 2001), en affichant un recul de 7,2%. L’évolution est aussi baissière pour la France entière à -4,7% (525 091) et pour la France hors Ile-de-France à -6,8% (365 949)*.

Une création dynamique malgré la baisse. Tout n’est pas pour autant négatif. Les observateurs notent avec satisfaction que le nombre de créations pour 1 000 entreprises existantes (elles sont 175 481 en Nord – Pas-de-Calais, 3 061 128 en France hors IDF et 4 240 982 en France entière), appelé aussi taux de renouvellement, s’inscrit à 126 contre 124 France entière et 120 France hors IDF. Si ce taux «montre un vrai dynamisme des créations en Nord – Pas-de-Calais», se réjouit ainsi Franck Seels, directeur délégué en charge du PRCTE (Programme régional pour la création et la transmission d’entreprises), l’indicateur du taux de création pour 10 000 habitants s’affiche à 54 alors qu’il est de 79 au niveau national et de 70 hors IDF. Pour ces deux indicateurs, le département du Nord fait mieux que celui du Pas-de-Calais à respectivement 128 et 59 contre 120 et 46. Commentaire : «Pour schématiser, le Nord – Pas-de-Calais est dans une dynamique favorable depuis une quinzaine d’années – la création du PRCTE remonte à 2001 −, mais le retard se récupère moins vite depuis quelques années. La région était et reste encore sur un stock d’entreprises inférieur à la moyenne nationale. Il va falloir encore quelques années…»

Le statut de l’auto-entreprise en chute : – 25,7%. Autre indicateur significatif : quatre créations sur dix sont immatriculées sous le régime fiscal de l’auto-entreprise, devenu micro-entreprise, dans une part équivalente dans le Nord et le Pas-de-Calais, 40 et 39%. Au total, la part des créations sous statut d’entreprises unipersonnelles atteint les 69,3%, quand celle sous statut de sociétés est de 30,7% à 6 769 créations.

Dans le détail, la baisse de la création (-7,2% toutes natures juridiques confondues) se décompose en une diminution de -25,7% des auto-entrepreneurs alors que la création dite «traditionnelle» augmente de 27,7%. Si l’effet auto-entrepreneur a été particulièrement important dans la région sur la période 2002-2010 à +242% contre +200% en France à périmètre égal, la baisse constatée depuis 2011 traduit un retour à des bases plus normales, avec un transfert d’une part des 30% d’auto-entrepreneurs jugés «économiquement actifs» vers la création «classique». À noter que la baisse régionale de -7,2% se répartit en -9% pour le Pas-de-Calais et -6% pour le Nord et que les +27,7% de créations «traditionnelles» sont respectivement de +18% et de +15%. Mais aussi que la création de sociétés (30,7% du total, en baisse de 1%) se décompose entre 14,4% pour les sociétés unipersonnelles et 16,2% pour les sociétés pluripersonnelles. «94,6% des créateurs sont des personnes qui créent leur propre emploi, précise encore Franck Seels, dont 40% de demandeurs d’emploi.»

Le commerce de détail en tête. Plus de la moitié des créations dans la région sont concentrées dans cinq secteurs d’activité : le commerce de détail (15%), la construction (11,3%), les activités scientifiques et techniques (13%), la santé (9,6%) et les services aux personnes (26%). Si le Nord – Pas-de-Calais compte plus de créations dans les activités de type commerce (37,6%) que la France hors IDF (34%), le département du Nord crée plus fréquemment dans les activités de type services (45%), que celui du Pas-de-Calais (41%). L’évolution du nombre de créations varie énormément d’un secteur à l’autre, entre -21,7% pour la construction et +45% pour les transports, du fait de l’effet “ubérisation”. Seul le secteur des activités de type services (10 305) affiche une hausse de 2,5%, quand celles de type commerce (8 288) s’inscrivent à -12,1% et les activités secondaires (3 466) à -19,2%. Seuls quatre secteurs ont enregistré une croissance : les arts, spectacles et activités récréatives (+5% pour 4% du total des créations en 2015), la santé (respectivement +15% et 10%), les activités financières (+23% et 3%) et les transports (+45 % et 3%). Les plus forts reculs concernent la construction (-22% pour 11% du total des créations), les services en direction des personnes (-21% et 7%), le commerce de détail (-14% et 15%), l’industrie (-11% et 4%) et l’information et communication (-11% et 4%). À noter que le secteur immobilier affiche une croissance en France hors IDF, mais diminue à l’inverse de 3% en Nord – Pas-de-Calais.

L’emploi de salariés en diminution. Seules 1 202 entreprises créées en 2015 (5,4% du total), soit le niveau le plus bas enregistré depuis 2000, employaient un salarié ou plus au démarrage de l’activité. Hors auto-entrepreneurs, ce taux passe à 9%, en baisse de 2 points, mais toujours supérieur aux 8% en France hors IDF. Ce taux est en baisse continue : 23% en 2000, 15% en 2008. Cette chute dans la région est pour autant moins importante qu’en France hors IDF à -38% sur le période 2008-2015 et touche en 2015 moins le Nord (-6%) que le Pas-de-Calais (-9%), alors que sur la période 2008-2015 le constat est inversé : -40% dans le Nord et -32% dans le Pas-de-Calais.

Toutes les zones d’emploi en baisse. Avec 6 434 créations en 2015, la zone d’emploi de Lille est la locomotive de la région, même avec une évolution négative de -1,3%. Le taux de baisse oscille de -0,7% sur la zone Berck-Montreuil à -18,2% sur Cambrai et -16,8% sur Maubeuge. «Pour autant, il n’y a pas de territoires décrochés, estime Franck Seels, même si certains (Calaisis, Avesnois) connaissent plus de difficultés et si le territoire lensois est en proie à des cycles irréguliers.»

 

* Les éléments statistiques mentionnés France hors IDF émanent de l’Agence France entrepreneur (ex-Agence pour la création d’entreprise, APCE). Lancée de manière opérationnelle le 13 avril 2016, elle a pour finalité de favoriser l’entrepreneuriat en France.

 

ENCADRE

 

La création en Picardie : – 4,4% en 2015

 

Si la Picardie n’avait pas de PRCTE à l’instar du Nord – Pas-de-Calais, elle disposait néanmoins de dispositifs à même d’encourager la création d’entreprise, “Pass Picardie création”. De l’étude réalisée par l’Agence France entrepreneur sur la création d’entreprise en Picardie en 2015 et son évolution depuis 2000 sur des sources INSEE, il ressort 10 138 créations (en baisse de 4,4%), dont 41,3% (4 183) auto-entrepreneurs (en baisse de 22,8%), quand les entreprises «traditionnelles» s’affichent à +15%. Si le taux de renouvellement s’inscrit à 126 comme en Nord – Pas-de-Calais, le nombre de créations pour 10 000 habitants y est plus faible, à 52. Le secteur des activités secondaires pèse 19,4% du total des créations, en baisse de 11,5%, celui des activités de type commerce 35,7% et -13,5% et de type services 44,9% et +8,5%. Territorialement, c’est le département de l’Oise qui est le plus dynamique (4 960 créations, -4,4%, 48,9% du total, 136 de taux de renouvellement, 60 pour 10 000 habitants), devant la Somme (2 728, -3,3%, 26,9%, 119 et 48) et l’Aisne (2 ‘(à, -5,4%, 24,2%, 118 et 45).

 

ENCADRE

 

Au premier semestre 2016

La création en Hauts-de-France : +2,3%

 

Depuis janvier dernier, la fusion des deux anciennes régions Nord – Pas-de-Calais et Picardie est effective, au moins sur le plan statistique… Pour la fusion des politiques régionales, il convient d’attendre. La région compte 5 départements, 29 bassins d’emploi hétérogènes, partagés entre urbain et ruralité, 255 699 entreprises… Comment se vit la création d’entreprise dans la nouvelle Région ? Les chiffres sont plutôt encourageants à considérer les données mensuelles, même si les variations peuvent être sensibles. En juin 2016, bonne nouvelle, ce sont 2 921 créations qui ont été recensées, nombre supérieur de 7% à celui de juin 2015 (2 731). Pour l’Agence France entrepreneur, après un premier quadrimestre en diminution globale de -3% (2 849 en janvier, 2 927 en février, 3 232 en mars et 2 836 en avril), les deux mois de mai (2 776) et de juin (2 921) se sont affichés en hausse de 16%. De janvier à juin 2016, ce sont donc 17 541 nouvelles entreprises qui ont vu le jour, +2,3% sur la même période de 2016. Petit bémol, la France métropolitaine hors IDF a fait sensiblement mieux : +5%.

Le nombre d’entreprises créées sous le régime fiscal du micro-entrepreneur a poursuivi sa baisse, -2% sur le semestre à 6 836 unités, une baisse identique à celle des créations d’entreprises individuelles, quand celui du nombre de sociétés a augmenté de 12% du fait de la hausse de 24% des EURL et SASU.

Par type d’activité, les services ont vu leur nombre s’accroître de +9%, alors que les activités de type commerce et secondaires connaissaient respectivement une diminution de -4% et -2% avec des variations considérables. Ont enregistré une augmentation supérieure à 20% les transports (+52%), le commerce de gros (+31%), les activités de soutien aux entreprises (+26%), et l’industrie (+26%). A l’opposé, en diminution supérieure à 10%, la construction (-11%), les services en direction des personnes (-25%), le commerce de bouche (-18%).

Au sein de la nouvelle Région, seul le département du Nord a enregistré une hausse du nombre de nouvelles entreprises durant le premier semestre 2016 (+9,3%) ; celui de l’Oise affichait une stabilisation (+1%) ; et les trois autres, une diminution comprise entre -2,2% pour la Somme, -6,1% pour le Pas-de-Calais et -8,9% pour l’Aisne.

Selon les zones d’emploi, le nombre de créations varie également de manière importante, note l’AFE. Les zones d’emploi dont l’augmentation enregistrée est supérieure à 10% sont celles de Valenciennes (+26%), de Douai (+21%), de Lille (+13%) et de Cambrai (+11%). A l’opposé, celles qui ont connu une baisse d’au moins 13% sont celles de Péronne (-13%), de la vallée de la Bresle-Vimeu (-13%), de Saint-Omer (-14%), de Soissons (-16%) et de Laon (-18%). Les zones les plus «productrices» de créations d’emploi sont, sur la période de janvier à juin 2016, dans l’ordre, Lille (3 677), Roubaix-Tourcoing (1 582), Roissy- Sud de Picardie (1 376), Valenciennes (1 134), Amiens (1 025), Lens-Hénin (797), Beauvais (766), Douai (671), Béthune-Bruay (637), Arras (620), Compiègne (591). En fin de ce classement, dont on peut globalement dire qu’il correspond à la réalité économique des territoires visés, on trouve la Thiérache (109 créations), la vallée de la Bresle-Vimeu (116), Tergnier (127), Péronne (131), Château-Thierry (177) et Abbeville (189).