2011 : un bon cru pour la région
Trier et recycler font aujourd’hui partie des mœurs, surtout dans le département du Nord, le berceau de l’entreprise Eco-emballages. En Nord-Pas-de-Calais, ce sont 250 748 tonnes de déchets qui ont été recyclées en 2011, soit 62 kg d’emballages ménagers triés par habitant, contre 60 kg en 2010. Un progrès notable qui reflète une amélioration nationale. Les efforts doivent cependant subsister, tant pour les entreprises que pour les particuliers. Le point avec Bastien Wibaux, responsable de la région Nord d’Eco-emballages.
La collecte de papier et de carton arrive bien évidemment en haut de la liste avec 10,6 kg par habitant. Viennent ensuite le verre (38,7 kg/hab), les bouteilles en plastique (6,20 kg/hab) puis l’acier et l’aluminium (2,76 kg/hab). Mais qui se cache derrière cette organisation ? Eco-emballages assure depuis 20 ans le pilotage du dispositif national de tri et de recyclage des emballages ménagers. Cette entreprise privée a pour mission de s’inscrire dans une démarche d’intérêt général. «Le point vert présent sur un emballage garantit que l’entreprise concernée participe à cette démarche et limite l’impact environnemental des emballages. Mais cela ne signifie pas toujours que l’emballage en question est recyclable», commente Bastien Wibaux. En France, 50 000 entreprises sont concernées par cette mobilisation. Elles ont financé le dispositif de tri et de recyclage à hauteur de 568 millions d’euros via leurs contributions au titre 2011, contre 417 millions en 2009. Par ailleurs, la crise n’a pas impacté leurs contributions qui ont augmenté de 36% depuis troisans et de 6% depuis l’année dernière. La progression des tonnages (tous produits recyclés confondus) est due à un meilleur accompagnement généralisé.
Défi relevé de l’écoconception pour une entreprise nordiste. En effet, dans le cadre d’un nouvel agrément de l’Etat, qui couvre la période 2011-2016, Eco-emballages mobilise l’ensemble des acteurs (collectivités, entreprises, associations et filières de recyclage) pour augmenter le recyclage et, en parallèle, réfléchir à la notion d’écoconception, à savoir limiter les emballages. C’est le cas de l’entreprise Les Brasseurs de Gayant qui s’est affiliée à cette démarche pour optimiser sa chaîne de production avec une réduction de 270 tonnes d’emballages. Cette action lui permet ainsi de d’apporter des bénéfices environnementaux et aussi de réduire ses charges, dans un contexte économique difficile. Bastien Wibaux explique l’importance de l’engagement des entreprises pour une société durable : «Elles sont responsables de la conception de leurs emballages ménagers. La mission d’Eco-emballages est de les aider à en réduire le poids et le volume. Nous avons donc développé des services et des outils pour accompagner les entreprises.» Et de poursuivre : «Nous souhaitons nous faire connaître de certaines entreprises pour faire évoluer toutes les autres dans une vision plus écologique.» Eco-emballages met ainsi à disposition des entreprises plusieurs outils de prévention et d’aide au diagnostic sur mesure. Depuis juillet dernier, l’entreprise a lancé l’indicateur de réduction à la source. Aussi, le BEE (Bilan environnemental de l’emballage) permet d’identifier les principaux impacts environnementaux de l’emballage. Ensuite, les entreprises peuvent suivre des modules de formation pour un accompagnement plus performant. Enfin, elles peuvent bénéficier d’un diagnostic, pendant lequel un expert intervient pour identifier les pistes de réduction d’emballage envisageables sans investissement et à court terme.
Nouveaux dispositifs. Ce n’est pas tout. Le nouvel agrément va de pair avec un nouveau barème. Dans la région, 60 collectivités (1 162 au total dans l’Hexagone) se sont engagées dans une logique de résultat avec le nouveau contrat CAP (Contrat pour l’action et la performance, proposé par Eco-emballages), dans lequel, désormais, le barème E fixe la rémunération de ces collectivités en fonction des résultats de recyclage. C’est-à-dire que chaque tonne recyclée est payée. Au total 14 millions d’euros ont été versés aux collectivités régionales. Quant au citoyen, qui se trouve au centre du dispositif, il bénéficiera désormais d’une meilleure communication et, à terme, d’une aide supplémentaire pour le tri. D’ores et déjà, deux spots TV et radio sont relayés au niveau national pour communiquer sur l’impact du «petit point vert à grand effet». Le ton humoristique choisi pour transmettre un message écocitoyen et environnemental devrait inciter tous les habitants à prendre de bonnes habitudes qui se résument en ces quelques termes : trier et savoir trier correctement.
Les Français trient plus et mieux. Aujourd’hui, grâce au geste quotidien de nombreux Français, 67% des emballages ménagers connaissent une seconde vie. L’objectif est cependant d’atteindre 75% de recyclage en 2016. Dans l’ensemble, les consommateurs français restent de bons élèves puisque 87% d’entre eux adhèrent au geste de tri et le considèrent à 93% comme étant le premier geste environnemental. Bien plus qu’un impact sur l’environnement, le recyclage participe aussi au développement économique des territoires et crée de la valeur sociétale : 257 centres de tri, 200 recycleurs et négociants ou encore 28 000 emplois directs créés. Le tri sélectif est devenu un véritable cheval de bataille. Même s’il est bien ancré dans l’esprit collectif, ce n’est pas pour autant qu’il faut baisser la garde. «Eco-emballages pose ses priorités et espère, à long terme, atteindre cinq objectifs : optimiser les coûts en apportant un soutien aux collectivités, encourager le tri hors foyer, réduire les emballages, améliorer le tri en habitat urbain et recycler d’autres familles de plastique. D’ailleurs, pour ce dernier point, une expérimentation est en cours dans 51 collectivités françaises pour le recyclage de tous les plastiques», informe le responsable de la région Nord d’Eco-emballages. Il ne reste plus qu’à générer l’effet papillon…