13,7% des actifs de la région travaillent déjà dans l'économie verte
Rencontre avec Hervé Pignon, directeur régional de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), pour nous présenter la réalité de l'économie verte dans la région.
La Gazette. Comment définiriez-vous la notion de l’économie verte ?
Hervé Pignon. C’est l’ensemble des acteurs économiques qui œuvrent pour stabiliser d’ici 2020 et diminuer d’ici 2050 l’émission des gaz à effet de serre, tout en créant de l’emploi. Quatre grands secteurs sont essentiellement concernés : le BTP, le transport, les énergies renouvelables, la production et la consommation responsables. L’objectif est de modifier nos pratiques, dans un contexte où les énergies fossiles sont limitées alors que la population ne cesse de croître. Les politiques publiques de la région vont déjà dans ce sens, fortement inspirées par Jérémy Rifkin qui plaide pour rentrer dans la troisième révolution industrielle.
Comment mesurer cette économie verte en région ?
En 20081, on comptait 9 000 métiers verts, dont la finalité est de contribuer à mesurer, prévenir, maîtriser ou corriger les impacts négatifs sur l’environnement (traitement des déchets, production et distribution d’énergie et d’eau, protection des espaces naturels…). Et 200 000 métiers dits verdissants, dont la finalité n’est pas environnementale mais qui intègrent de nouvelles compétences pour prendre en compte la dimension environnementale dans leur métier (transport, bâtiment …). Soit 13,7% des actifs de la région qui travaillent déjà dans l’économie verte. Et sur ces dix dernières années, 700 éco-entreprises (qui ont pour but la protection de l’environnement) ont été créées.
Depuis quand la région développe cette économie verte ?
Depuis les années quatre-vingts, après les chocs pétroliers. Cela fait 30 ans que je travaille à l’ADEME. Je constate que si nos statistiques en matière d’économie verte sont identiques aux autres régions françaises, en revanche le Nord-Pas-de-Calais est en avance en termes de partenariats et de dynamisme d’acteurs. Nous traînons historiquement une grande souffrance environnementale et sociale. C’est certainement ce qui nous pousse à développer l’économie verte. Ces dernières années, le phénomène s’est accéléré avec l’implantation de pôles de compétitivité et la sensibilisation aux théories de Rifkin. Mais lorsque l’on réalisera que la facture énergétique va continuer de croître, et ce, à raison de 30% d’ici dix ans, nous passerons à la vitesse supérieure.
Après le Sommet de Rio en juin 2012, quel est le prochain grand rendez-vous de l’économie verte ?
Cela devrait se passer au Bourget, en 2015 : la France a proposé d’organiser la conférence climat de l’ONU, censée donner naissance à un ambitieux accord de lutte contre le réchauffement.
Sources : Observatoire national des emplois et métiers liés à l’économie verte.