13 millions d’euros d’investissement pour le lin eurois
La coopérative de teillage du plateau du Neubourg s’agrandit en 2021.
La coopérative de teillage du plateau du Neubourg voit grand. Elle investit 13 millions d’euros pour construire un bâtiment abritant quatre lignes de transformation des fibres. Deux lignes seront destinées au secteur du textile, deux autres à la transformation des fibres courtes entrant dans la fabrication de matériaux composites utilisés notamment dans l’automobile et l’aérospatial. Leur entrée en fonction est prévue en 2021. Le conseil Départemental de l’Eure soutient la coopérative dans son développement en lui accordant un prêt de 250 000 euros.
Il faut dire que la filière lin se porte bien et occupe une place particulière dans notre région. Fortement dépendante des conditions pédoclimatiques et donc difficilement délocalisable, cette culture se plait tout particulièrement aux Pays-Bas, en Belgique et dans le nord de la France. Ainsi deux tiers de la production mondiale de lin textile est localisée en Europe. Les liniculteurs normands, réputés pour leur technicité, assurent 80 % de la production européenne et 50 % de la production mondiale. L’Eure, avec 20 000 hectares arrive en seconde position des départements, juste derrière la Seine-Maritime (31 000 hectares). Le cycle de production de cette culture est court, une centaine de jours. Arrivés à maturité, les plants sont arrachés et laissés en andains dans les champs. C’est ce qu’on appelle le rouissage, une étape délicate et essentielle quant à la qualité du produit final. L’alternance de pluie et de soleil facilite la séparation de l’écorce et des fibres lors du teillage. Moins gourmand en eau que le coton, les sous-produits du lin sont utilisés dans différents secteurs. La production euroise part principalement en Chine et en Inde, avec un marché mondial en augmentation. Le lin a donc tout pour séduire.
Un prêt à taux zéro.
C’est dans ce contexte, que la coopérative de teillage, installée à Crosville-la-Vieille, à quelques kilomètres du Neubourg, a décidé de s’agrandir. La structure, qui regroupe 400 adhérents cultivant 7 000 hectares, emploie 92 personnes. Les quatre lignes actuelles transforment annuellement autour de 9 000 tonnes de fibres. Le chiffre d’affaires de la coopérative s’est élevé à 26 millions d’euros en 2018. Avec les quatre lignes supplémentaires, une dizaine de postes devraient être créés. Le projet a bénéficié du soutien du conseil départemental sous la forme d’un prêt de 250 000 euros à taux zéro, sans garantie ni caution, sur une durée de sept ans. Pour accéder à ce prêt, la coopérative a dû, bien-sûr, prouver sa solidité financière et le sérieux du projet. Ce type d’accompagnement de la part du Département est rendu possible dans le cadre de la loi NOTRe lorsque les communautés de communes délèguent leurs compétences en matière d’immobilier et de foncier d’entreprise au travers d’une convention. Une première pour le Département, mais d’autres dossiers sont déjà à l’étude.
Aletheia Press