Denis Renaud, directeur général de l’ALSMT
«1€ investi dans la prévention, c’est 4 € d’économisés en matière de réparation»
La nouvelle loi Santé au Travail, entrée en vigueur en avril, met un point d’orgue sur l’importance de la prévention au sein des entreprises et notamment sur celle de la désinsertion professionnelle. Un ADN déjà présent au sein de l’Association lorraine de santé en milieu de travail (ALSMT) mais à toujours faire connaître et reconnaître dans une conjoncture mouvante et aux changements sociétaux importants.
La prévention en santé au travail s’affiche comme un des fils rouges de la nouvelle loi Santé au Travail en application depuis avril dernier, quel est l’impact sur votre association ?
Denis Renaud : Si pour certains la nouvelle loi Santé au Travail peut s’apparenter comme une mini révolution, pour nous c’est une évolution voire même sur certains points des améliorations de façade. Auparavant, nous étions un SST (Service de santé au travail), aujourd’hui nous sommes un SPST (Service de prévention et de santé au travail). Au sein de l’ALSMT, la prévention en matière de santé au travail a toujours été présente. Nos équipes pluridisciplinaires, de médecin du travail, d’infirmier en santé au travail, d’intervenants en prévention des risques professionnels (technicien hygiène sécurité, toxicologue, ergonomes, psychologues du travail) possèdent déjà cette culture de la prévention.
Cette fameuse culture de la prévention est-elle réellement présente au sein des entreprises aujourd’hui ?
La prise de conscience est présente. Dans la pratique, les choses sont plus délicates ! Tout chef d’entreprise responsable sait que la prévention est indispensable. Le risque zéro n’existe pas, il faut continuer à sensibiliser les chefs d’entreprise sur leurs responsabilités en la matière ! Au fil du temps la prévention est devenue moins répressive, elle passe surtout aujourd’hui par l’éducation et la nouvelle loi Santé au Travail entend donner une image positive de la prévention. Pour un euro investi dans la prévention, c’est quatre euros d’économisés en matière de réparation.
L’évolution législative met un point d’orgue sur la prévention de la désinsertion professionnelle. Comment l’ALSMT y répond-t-elle ?
Le maintien dans l’emploi est primordial et tout passe par l’anticipation. Au sein de l’ALSMT, nous avons une cellule pluridisciplinaire ciblée sur la désinsertion professionnelle. Son objectif est d’anticiper et d’accompagner les cas individuels susceptibles de sortir de l’emploi.
Quelle est sa mission ?
Elle organise des actions de sensibilisation, elle identifie les situations individuelles en proposant des mesures en lien avec l’employeur et le collaborateur et elle participe à l’accompagnement du travailleur éligible au bénéfice des actions de prévention de cette désinsertion professionnelle.
Avec la pandémie, le retour des confinements, on a vu une certaine remise en question de la valeur travail, des situations de détresse de certains collaborateurs, comment l’ALSMT intervient-elle sur ces évolutions sociétales ?
La santé au travail permet d’accompagner ces changements, dans la limite du possible. L’important sur ces points est de favoriser le dialogue entre l’employeur et le salarié. La QVCT (Qualité de vie et des conditions de travail) prend aujourd’hui toute son importance. La pandémie et les changements qu’elle a occasionnés, dans les rapports au travail et à l’entreprise, doivent être pris comme une opportunité. Au sein même de l’ALSMT, nous avons fait évoluer notre structure, nous avons fait de la pandémie une opportunité.
Un des points de la nouvelle loi Santé au Travail vise à permettre de rendre les mêmes services aux entreprises sur l’ensemble du territoire, est-ce réalisable ?
Le problème aujourd’hui est que nous n’avons pas assez de médecins. Dans ces conditions, c’est difficile d’y parvenir. La nouvelle loi Santé au Travail a occulté cette donne. L’image même du médecin du travail est galvaudée. Après son internat, c’est quatre ans d’études supplémentaires. Être médecin du travail, c’est tout aussi noble que la médecine réparatrice